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10 (ou 13) films engagés à voir pendant la Coupe du monde au Qatar

Loin de moi l’idée de vous dire de boycotter cette coupe du monde pour son non-sens écologique ou la tragédie sociale et humaine que la construction des stades a engendré parmi les ouvriers et leurs familles. Au contraire, il faut la regarder et réagir, ouvrir le débat sur un pays dirigé par une dictature avec lequel nous tissons de plus en plus liens économiques en dépit du non-respect des droits de l’homme et des droits humains sur son territoire.

Ce top 10 (ou 13) des films de foot, plutôt composé de films récents à l’exception d’une rareté ancienne, sera donc orienté de façon à nourrir cette discussion en illustrant comment le foot, ses acteurs et ses films peuvent jouer un rôle important dans la reconnaissance des droits et la dénonciation d’injustices.




Pelota de Trapo de Leopoldo Torres Rios (Argentine, 1948)

Dans une première partie magistrale, le réalisateur Torres Rios évoque l’enfance et le football comme deux mondes indissolublement liés dans ce milieu urbain, ouvrier, qui sert de cadre à l’intrigue. Influencé par le néoréalisme, sensible à une approche documentariste, il s’intéresse à tous ces gamins étonnants de justesse et de vérité. Le film reste empreint des idées socialisantes du péronisme et insiste sur la force collective du groupe (la cagnotte destinée à l’achat d’un ballon en cuir) et sur le foot comme élément d’ascension et de cohésion sociales. La deuxième partie se concentre sur la réussite d’Eduardo, adulte et star du foot. Le mélodrame prend le pas.


Joe Bullet de Louis de Witt (Afrique du Sud, 1973)

Ce polar sur fond de football est le premier film entièrement produit et joué pardes Noirs en Afrique du Sud. Puisant son inspiration dans les filmsde la blackploitation américaine, Joe Bullet est un thrillerdynamique et maladroit. L’équipe des Eagles doit jouer la finale du championnat sud- africain dans une semaine. Un mafieux est prêt à tout pour que son adversaire, l’équipe des Falcons, l’emporte : l’entraîneurdes Eagles est tué, les deux joueurs vedettes sont kidnappés. Mais c’était sans compter sur Joe Bullet ! Entre une séquence d’entraînementau début et la finale à la fin (avec le concours des joueursde L’Orlando Pirates FC, club célèbre de Soweto), le film est presque aussi efficace que son alter ego US, Shaft (Gordon Parks, 1971). Interdit par le gouvernement sud-africain, le film restera invisible jusqu’en 2014, année de sa restauration.


The Black Meteor de Guido Pieters (2000, Hollande)

Ce film est centré sur les deux années pendant lesquelles l’attaquant Steve Mokone, né en Afrique du Sud en 1932,joua pour le club Heraclès Almelo, une petite commune rurale des Pays-Bas. Ce biopic inégal mais humaniste décrit les hostilités et les amitiés qui jalonnèrent le parcours éclair du premier footballeur noir dans le championnat hollandais.


Hors-Jeu de Jafar Panahi (Iran, 2006)

Pour assister à un match, une jeune Iranienne fan de football doit se déguiser en homme car les stades leurs sont interdits. Mêlée au flot des supporters, elle est confondue à l’entrée. Elle se retrouve alors parquée dans un coin du stade, avec d’autres filles habillées en garçon...

Jafar Panahi choisit le ton plus léger de la comédie ironique pour dénoncer, avec la même virulence, l’absurdité de l’apartheid sexuel qui sévit en Iran. Les femmes iraniennes ont sans doute le droit d’aimer le football mais elles n’ont pas le droit d’exhiber leur passion en public. Depuis 2019, elles peuvent aller dans un stade… mais séparées des hommes. Alors, quand la clameur de la victoire explose dans le stade, éclate sur l’écran toute la schizophrénie de cet instant où des femmes vibrent pour un pays qui leur refuse les droits les plus élémentaires.



Kick Off de Shawkat Amin Korki (Irak, 2009)

Au nord de l’Irak, en 2007, des Kurdes expulsés de leurs terres, ont trouvé refuge dans le stade détruit de la ville de Kirkouk. Au même moment, le pays remporte la Coupe d’Asie. Parmi les réfugiés, Aso, passionné de football, décide de monter un tournoi entre Turcs, Arabes, Kurdes et Assyriens. Mais dans un pays ravagé où la guerre n’est jamais loin, rien n’est simple. Avec cette fable tragi-comique, le réalisateur évoque la situation dramatique des Kurdes. Le film alterne ainsi entre le drame et le drolatique. Korki fait le choix du réalisme avec des comédiens non professionnels et un tournage in situ qui doit faire face à des menaces terroristes et un grand manque de moyens. Sur les maillots que portent les jeunes enfants, les joueurs français sont bien représentés avec les noms de Zidane et de Thierry Henry. Le football, ses héros et les rêves n’ont pas de frontière.



On the Pitch de Gye Yun-sik (Corée du Sud, 2010)

La Coupe du monde 2002 débute au Japon et en Corée du Sud. À la frontière avec l’autre Corée, un commandant nord-coréen, passionné de foot, patrouille avec son escouade et se retrouve face à des soldats du Sud. Très vite, le football devient le centre de leurs conversations et les deux groupes se mettent à écouter les matchs ensemble. Une comédie pleine de bons sentiments qui se prend à rêver : et si le football pouvait régler quelques conflits de la planète !


Timbuktu d’Abderrahmane Sissako (Mali, 2014)

Si ce film n’est pas à proprement parler autour du football, il comporte cependant une scène où le football devient une métaphore qu’aucune phrase, qu’aucun mot ne peut égaler. Le réalisateur ridiculise le régime obscurantiste islamiste en faisant jouer une partie de football sans ballon puisque celui-ci est interdit les chefs militaires religieux. Le résultat est une des plus belles scènes de foot au cinéma, affirmant toute la puissance de ce sport face à l’intolérance et à la bêtise meurtrière.


Esprit d’équipe de Robert I. Douglas (Islande, 2005)

À la suite de son coming out, un joueur professionnel est rejeté par son club, son équipe, son père et son fils. Pour continuer à jouer, il rejoint une équipe de footballeurs amateurs gays. Film sur la tolérance et sur la capacité du sport à abolir les préjugés, cet Esprit d’équipe développe avec douceur et justesse l’évolution des relations père-fils après cette révélation.

En 2018, le Suisse Marcel Gisler raconte dans Mario l’histoire d'un jeune footballeur d’un centre de formation qui tombe amoureux de Léon, nouvel attaquant. Bientôt, des rumeurs circulent dans les vestiaires. Leur relation découverte, compromettrait leur carrière de footballeur professionnel. Chacun va réagir suivant ses priorités.



La Permission (Iran, 2018)

Afrooz, capitaine de l’équipe féminine d’Iran de futsal qualifie son équipe pour la finale de la Coupe d’Asie des Nations. Mais son mari, célèbre animateur de télévision, invoquant une loi iranienne, décide de lui interdire de quitter le territoire.

Son combat est celui des femmes iraniennes pour disposer pleinement de leur vie, mais elle ne trouve finalement que peu de solidarité même du côté de son équipe. La Permission dénonce l’hypocrisie de cette société iranienne qui fait croire aux femmes qu’elles sont libres alors que la loi les infantilise.



Comme des garçons de Julien Hallard (2018, France)

Paul Coutard est journaliste sportif pour un quotidien champenois. Provocateur et séducteur, macho et tête à claques, il décide d’organiser un match de football féminin. Aidé par la secrétaire de direction, Emmanuelle, il va être à l’origine de la création de la première équipe féminine de football en France.

C’est en écoutant une émission de radio narrant les aventures des footballeuses du stade de Reims en 1968, que Julien Hallard a eu l’idée de cette comédie romantique qui prend des libertés avec l’histoire de cette lutte émancipatrice. Cependant, cette rom-com distille un joli message.


Football et homo : au cœur du tabou de Yoann Lemaire et Michel Royer (2019, France)

Ce documentaire est écrit par le premier footballeur français encore en activité à avoir révélé son homosexualité. Son geste lui vaut alors de subir agressions verbales et physiques de la part de spectateurs, adversaires ou coéquipiers. Bien qu’il n’entende pas renoncer à sa passion, son club ne renouvelle pas sa licence. N’obtenant pas sa réintégration auprès d’instances du football, empêtrées dans une réflexion contradictoire, Lemaire crée une association (Foot Ensemble) et se lance dans une « croisade » contre l’homophobie dans les milieux amateur et professionnel du football. Avec son style simple et direct, et sa position de « footballeur homosexuel », il va à la rencontre de joueurs amateurs, stars internationales, arbitres, journalistes, dirigeants de clubs, lycéens. Entre interviews de célèbres anciens, assurant leur collègue de leur empathie, et réticences vis-à-vis des homosexuels exprimées par les jeunes d’un centre de formation, les mentalités semblent évoluer... mais pas très vite.




FIFA, ballon rond et corruption de Daniel Gordon (2022, Netflix)

Cette série événement qui arrive à point nommé plonge dans cette organisation tentaculaire. Il revient notamment sur les scandales de corruption qui ont émaillé le règne de Sepp Blatter. De son arrivée à la tête de la Fifa, jusqu’à sa sortie de scène, en passant par le choix du Qatar pour la coupe du Monde 2022, la série détaille avec une précision chirurgicale le système mis en place pour s’enrichir et garder la main mise. Avec ce sens du storytelling comme les séries Netflix savent faire preuve, avec une efficacité sans faille dans la forme, on se laisse happer par cette histoire qui ressemblerait à un film de gangsters. Pourtant, tout cela est vrai et potentiellement continue encore sous une autre forme.


Et si vous n’en avez pas assez, vous pouvez trouver d’autres films dans ce Top 20 ou surtout vous procurez nos livres !


Le Foot à l’écran, de Julien et Gérard Camy, éd. Hugo Image, 224p, 18,50€

Sport&Cinéma, de Julien et Gérard Camy, Amphora Editions, 518 pages, 48€


Julien Camy

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