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Entretien "Je me souviens … de la foulée de Pérec" avec Benoît Heimermann

Il y a quelques semaines, l'ouvrage "Je me souviens … de la foulée de Pérec" est sorti en librairie sous la direction de Benoît Heimermann, ancien grand reporter de l’Équipe et lÉquipe magazine, écrivain, documentariste et éditeur. Il nous propose un ouvrage atypique, qui rassemble une équipe de vingt-sept auteurs qui débutent chacun leur texte à la manière de Georges Perec, par un ‘Je me souviens’. Rencontre avec le pape de la littérature sportive.



Comment est né ce projet ?

D’une évidence. En 1924, de nombreux écrivains et artistes se sont intéressés aux Jeux de Paris. Giraudoux, Genevoix, Morand, Cocteau, Montherlant, Maeterlinck, Prévost ont commis des textes où fréquenté les travées du stade de Colombes. Cent ans plus tard, à l’occasion des Jeux de Paris 2024, il m’a semblé logique de répéter et même d’anticiper ce mouvement choral en sollicitant un certain nombre d’auteurs contemporains jusqu’à les inciter à commettre eux-mêmes un texte en rapport...


Comment as-tu sélectionné et réuni ces 27 auteurs ? Avais-tu donné des consignes pour éviter d’aborder les mêmes souvenirs ?

Forcément l’écueil à éviter était qu’une majorité de contributeurs s’expriment sur un même sujet. Vingt-sept portraits de Marie-José Pérec su été intéressant mais pas forcément satisfaisant. Le spectre temporel couvert par cet ouvrage va de 1924 précisément (grâce à l’évocation que Bernard Chambaz fait de André Obey l’auteur du fameux « Orgue des stades) à un futur totalement indéfini (grâce à la dystopie concoctée par Tristan Garcia). Le panel est large avec, pourtant, une évidence prédilection pour les années 1992-1996 qui correspondent aux périodes d’enfance et/ou d’adolescence des auteurs sélectionnés.


Tu connais ma passion (mon obsession) pour la littérature sportive, et tu étudies ce sujet depuis très longtemps. As-tu remarqué une évolution concernant son traitement, sa récurrence comme sujet littéraire ?

D’évidence. Ce qu’a osée Blandine Rinkel, à savoir traiter les Jeux de Barcelone uniquement en s’appuyant sur la bande son de ces Jeux est tout à fait étonnant et inédit. Idem pour Jean-Paul Dubois qui a choisi de se remémorer à « contre-courant » en empruntant le point de vue d’un... amnésique. Hier, le classicisme était toujours de saison, aujourd’hui l’audace est davantage sollicitée. Reste que la récurrence centrale qui domine demeure toujours la même : c’est bien évidemment l’enfance qui d’abord et surtout sert de carburant à toutes ces histoires enchantées...


En tant que grand reporter, tu as suivi de nombreuses éditions des Jeux olympiques pour l’Équipe ou l’Équipe magazine, retiens-tu un événement en particulier ?

J’ai couvert une dizaine de Jeux environ, de Moscou 1980 à Londres 2012. Mes plus fortes émotions ? Le drame de Munich en 1972 que j’ai vécu comme simple spectateur, donc un rien énervé qu’un agent extérieur (le terrorisme) soit venu troubler la fête. Et, en bout de chaîne, je l’espère, celles que je vivrai en juillet-août prochain également en tant que spectateur de tel match de badminton, telle séance de plongeon où tel exercice de gymnastique, au petit bonheur des places que je suis parvenu à acquérir... Aux Jeux, il n’y a pas de petits plaisirs. Il y a des émotions, des bonheurs, des déceptions, des outrances, voire des injustices, mais toujours en « grand format »... Des raccourcis spectaculaires qui, au bout du bout, nous permettent de mieux appréhender le monde qui est le nôtre...


Propos recueilles par Julien Legalle


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