Dans la vallée avec Virtual Regatta...
Dans La Vallée des fous de Xavier Beauvois, un restaurateur à bout de souffle s’imagine remporter le Vendée Globe sur Virtual Regatta… mais sur son bateau au fond du jardin.

Jean-Paul, restaurateur en Bretagne, croule sous les dettes et se noie dans l’alcool. Il essaye tant bien que mal de s’occuper de sa fille mais il accumule les erreurs. Avec son restaurant au bord de la faillite, il ne voit plus que le fond de la bouteille. Au même moment, le Vendée Globe se prépare non loin de là. Alors Jean-Paul a une idée farfelue : réaliser le Vendée Globe sur Virtual Regatta mais dans son bateau au fond du jardin et dans les « mêmes conditions » de confinement que les marins sur l’eau. Sans doute pense-t-il que cette retraite est celle qui peut le sauver ? Même s’il évoque l’argent promis aux vainqueurs comme motivation, c’est une forme de rédemption qu’il va chercher au fond de la cale.

Drôle de film que cette Vallée des fous qui oscille entre drame intime avec Jean-Paul et son combat contre son addiction à l’alcool, chronique familiale autour du restaurant où chacun doit trouver sa place (la fille, le grand-père, le fils maudit), film de sport autour de cette course virtuelle et même chronique culinaire ! Cela peut déconcerter par moment de passer de la description du nouveau menu local et bio aux enjeux plus sombres que vit Jean-Paul au fond de son bateau. Cependant, Jean-Paul Rouve, qui joue Jean-Paul est magistral dans ce rôle et tient véritablement le film sur ses épaules. Sa sensibilité et sa subtilité d’interprétation permettent à certaines scènes, notamment celle du repas où il boit de plus en plus, de dégager une sensation malaisante propre à ce genre de situation. Le film touche là le drame de l’alcoolisme et montre bien l’incapacité des proches à trouver des solutions. Pierre Richard, qui interprète son père, est totalement démuni. Les solutions sont à trouver en soi-même et c’est bien ce destin qu’il force en s’imposant ce régime sec.
Ce feel-good movie à la française démontre encore une fois que le sport au cinéma est un vecteur positif, propre à mettre en avant un changement de vie, une histoire humaine avant l’enjeu sportif en lui-même. Pour les amateurs de voile, on peut noter quelques caméos de renom avec l’apparition de Charles Dalin et les petits rôles de Jean Le Cam et Michel Desjoyaux. Ce dernier, surnommé « Le professeur » pour ses deux victoires dans le Vendée Globe, conseille même Jean-Paul sur la meilleure route à suivre sur Virtual Regatta.

Michel Desjoyaux et Jean-Paul Rouve
Évidemment, revient aussi à l’esprit Le Dernier Tour (1994), avec Jean-Pierre Darroussin, où celui-ci réalisait le Tour de France sur son vélo d’appartement en même temps que les coureurs cyclistes. Mais La Vallée des fous embrasse plus largement des thèmes populaires que ne le faisait Le Dernier Tour et si le film de Xavier Beauvois reste une œuvre modeste, elle montre qu’à l’horizon, il y a toujours le soleil. Il suffit de se mettre à l’eau… ou pas !
Julien Camy
Sortie le 13 novembre
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