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Anais Quéméner, la course et la vie

Double championne de France de marathon, Anaïs Quemener a vécu une année 2023 lumineuse, achevée par une belle performance au marathon de Berlin. Dans son éblouissante autobiographie chez Flammarion, sortie le 3 avril 2024, « Tout ce que je voulais, c’était courir », elle relate son parcours vers ses résultats actuels, et notamment le cancer du sein contre lequel elle s’est battue… baskets aux pieds.


Pendant très longtemps, quand on tapait le nom d’Anaïs Quéméner, sur Google, on ne trouvait pas beaucoup de choses. Et puis tout a changé en 2023.

 

La faute (ou grâce) à de belles performances, des résultats incroyables, que je vous laisse vérifier par vous-mêmes, et encore plus fous quand on connaît son parcours. Et la machine médiatique s’est emballée, encore plus cette semaine avec la sortie de son livre, quelques jours avant le marathon de Paris 2024, qu’elle ne courra pas, mais qu’importe, son nom est sur toutes les lèvres, et plus seulement dans le monde du sport.



En effet, pendant des années, Anaïs a continué à concourir en marathon au niveau national, voire international, et est même allée jusqu’à faire des 100km en se battant contre un cancer du sein dont elle est aujourd’hui remise. On peut utiliser des jolis mots pour résumer cela : du « courage », de la « résilience », de la « force », quand on découvre à 24 ans qu’on a un cancer et qu’on décide de se battre. On peut conseiller son autobiographie, une de ces histoires dont on aime se nourrir parce qu’elle nous montre les forces de l’être humain quand il est confronté au pire.

 

Mais ça n’est pas la raison pour laquelle on vous suggère ce livre. Des histoires comme celles d’Anaïs, il y en a, et ce n’est pas ce qui rend ce récit unique.

 

La force de cette autobiographie écrite avec le journaliste Franck Berteau chez Flammarion, et qui mérite un coup de projecteur par cette chronique, c’est que ce n’est pas juste l’histoire d’Anaïs. Ou d’une athlète malade qui a continué à courir. Elle parle avant tout de course à pied et de ce que ce que le sport peut représenter dans la vie d’un être humain.

 

La course à pied, la réponse à tout

 

On est transporté dans le cerveau et dans les tripes de cette championne, en découvrant combien elle aime son sport, de manière viscérale, et comment il apparaît souvent comme la réponse à toutes ses questions.

 

J’ai eu le plaisir d’échanger à plusieurs reprises avec Anaïs des années durant. Mais de tous les échanges qu’on a eus, il y a une phrase qu’elle m’a dit un jour et que j’avais notée en gras. Je ne l’ai jamais oubliée car je crois qu’elle symbolise vraiment son histoire.

 

« La première chose que j’ai dit a mon oncologue en commençant la chimio, c’est que j’avais un championnat en octobre. Je ne me suis jamais posé la question d’arrêter. Pour moi, c’était obligatoire de continuer. »

 

Voilà, en quelques mots, on a ce que la course à pied veut dire pour elle. Bien sûr qu’il faut être suivi, mais espérons que son témoignage et son histoire et la médiatisation qu’elle vit en ce moment remettent au coeur du débat la place du sport dans les traitements contre les cancers et les maladies chroniques. Surtout en cette année olympique.

 

Elle le dit, et d’autres l’ont aussi vécu, le sport a longtemps été décrédibilisé.

 

Alors bien sûr, on ne compare pas le cas d’une sportive de haut-niveau qui a performé au marathon de Berlin et d’un quidam qui se limite son footing du dimanche, et les objectifs sont une affaire personnelle et intime. Mais au fond, la question est la même pour les deux : est-ce qu’on peut, aussi, quand on est praticien, ouvrir ses chakras, écouter la parole des personnes qui ont besoin du sport, plutôt que de leur répondre que « non, pas question, c’est beaucoup trop dangereux, attendez la fin du traitement ».

 

C’est ce qu’a vécu Anaïs, elle le dit, et c’est ce que vivent de plus en plus de personnes qui ont été ou sont atteintes de maladies chroniques. Heureusement, de plus en plus de praticiens ont compris le sens du sport et des associations telles que la CAMI Sport et Cancer luttent aujourd’hui pour montrer les bienfaits du sport pendant les traitements.

 

En entretenant son corps; on entretient aussi sa tête. On se sent de nouveau vivant, en bougeant, parce que la maladie sclérose nos corps, on se sent utile, on sociabilise, bref, on revit.

 

Anaïs le dit : pour elle, c’était un besoin, pas un « caprice », comme cette infirmière a parfois pu l’entendre dans la bouche du corps médical, pendant ses traitements. Elle sait de quoi elle parle. Se battre contre cela, contre un chemin tout tracé fait de cathéters, de chimiothérapies, et leur faire accepter que « okay pour les tuyaux, et okay aussi pour les baskets ».

 

Une aventure en équipe

 

Ce qu’Anaïs et Franck relatent aussi, dans ce livre, et qui émeut, c’est combien cette aventure est une aventure collective.  Celle d’une fille et de papa Jean-Yves qui l’a soutenue coûte que coûte, alors que le monde entier semblait contre le binôme. Il avait peur, bien sûr, mais c’était tellement important, pour son bonheur à ELLE, qu’il a fait comme bon lui semblait, à sa petite, même s’il l’avait, la trouille. Et c’est beau.

 

Collective aussi parce qu’il y a aussi ses copains, de la Meute, comme Mathieu, grâce à qui elle a retrouvé des couleurs et trouvé SES couleurs, cette bande affamée, mais qui se nourrit surtout de cet esprit d’équipe, de cohésion, et projet dans lequel Anaïs s’est tant investie… pour mettre encore plus de paillettes dans sa vie (il faut le lire pour comprendre la référence). La course à pied peut parfois paraître solitaire, mais les clubs et l’histoire d’Anaïs et de la Meute montrent combien ce sport est une affaire d’équipe.

 

Et enfin, collective parce que la mise en lumière d’Anaïs Quemener, en ce moment, se fait également via un film financé par Salomon, son sponsor, et réalisé par Hélène Hadjiyianni. Entre les deux femmes, une relation amicale forte s’est tissée durant le tournage et s’est prolongée jusqu’à aujourd’hui puisque Hélène a promis à Anaïs qu’elle l’accompagnerait un jour sur un marathon…pour courir. Il n’y a plus qu’à, les filles.

 

Bref, c’est un livre que l’on vous conseille, chez Ecrire le Sport, si vous êtes convaincus non pas que le sport permet de déplacer des montagnes, parce que vous en êtes sûrement déjà convaincus, mais qu’il peut surtout être le meilleur allié d’un être humain dans ses plus lourdes batailles.

 

Bonne lecture !

 

Assia Hamdi


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