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Smashing Machine : pour qui sonne le MMA

  • Julien Camy
  • 10 nov.
  • 2 min de lecture

L’image est granuleuse, sale. C’est à travers la vidéo d’une vieille VHS que l’on découvre Mark Kerr. Brésil, début des années 1990. L’ancien lutteur affronte successivement sur le ring des adversaires qu’il réduit en bouillie. La smashing machine est lancée. Mark Kerr est imposant, son corps remplit l’écran, une masse de muscles qui déborde presque du cadre. Dwayne Johnson alias The Rock interprète cet homme que ces premières images présentent comme monstrueux. Le monstre est à la fois une chose prodigieuse, un phénomène extraordinaire et une exception terrifiante. Nous sommes face à cette ambivalence à la fois fasciné et pétrifié car chaque combat est épuisant. Les coups assénés font mal. Le spectateur les subit violemment mais le sourire de Mark Kerr est empathique. Benny Safdie, le réalisateur a décidé de ne jamais se complaire dans le spectacle de la violence. Cette brutalité, c’est celle de ces combattants.


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Cette histoire se déroule sur un temps très court, entre 1997 et 2000. Après une carrière de lutteur, Mark Kerr se lance dans un sport qui mélange différents arts martiaux. Ce sont les débuts du MMA. Les combattants sont payés quelques milliers de dollars pour se donner des coups jusqu’à ce que KO s’en suive. Coup de genou au sol, coup de tête, presque tout est permis. L’UFC, la société qui domine le MMA actuellement, n’existait pas encore et la plupart des affaires se déroulaient au Japon lors des événements Pride. Un autre monde et une autre culture où les divinités sont nombreuses.  

Le film semble reprendre les codes des récits autour du sport ou du rise and fall pour les détruire peu à peu et positionner un calque sombre dans cette recherche de la gloire qui n’est finalement qu’une plongée intimiste dans la détresse intérieure de Mark Kerr, bête de foire à l’égo-surdimensionné boostée aux stéroïdes et à la dope.


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En suivant au plus près son combattant sans jamais tomber dans le voyeurisme, positionnant sa caméra à la bonne distance, Benny Safdie révèle les fissures du personnage, la complexité d’un homme qui ne doit jamais flancher. Alors ses larmes surprennent son corps et son être jusqu’à faire jaillir de la lumière. Dwayne Johnson terrasse le monstre, lui donne une humanité sensible et puissante, et démontre s’il fallait le faire, qu’il est un fabuleux acteur. L’apparition finale du vrai Mark Kerr effectuant ses courses au supermarché comme un simple quidam est d’une touchante simplicité. Ils étaient des pionniers que l’histoire a balayés comme tant d’autres. Sauf que le cinéma détient cette faculté de ressusciter et de construire les légendes.


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Julien Camy

 

Smashing Machine de Benny Safie


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