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"Flo", l’histoire de Florence Arthaud

Ce biopic sur la « la petite fiancée de l’Atlantique » est le portrait d’une femme qui a embrassé l’histoire par les océans et écrit une page importante du sport féminin. Malheureusement, il a aussi fait parler de lui pour les libertés qu’il prenait avec la réalité.




En effet, quand un cinéaste adapte une histoire vraie, il est souvent obligé de transformer la réalité pour que celle-ci soit plus cinématographique, qu’il y ait des arcs narratifs plus forts, des constructions de personnages plus singuliers. C’est sans doute pour cela que la réalisatrice a décidé d’appuyer sur cette boulimie de vie jusqu’au mal-être qui débordait de Florence Arthaud en appuyant sur ses relations compliquées avec les autres et le monde, son alcoolisme, sa liberté sexuelle…


On peut évidemment se poser des questions sur la probité vis-à-vis du spectateur et des personnes concernées d’ajouter de faux événements à une histoire qui se « dit » vraie pour rendre plus percutant l’ensemble. Pourtant, l’histoire de Florence Arthaud semblait se suffire à elle-même. Passée près de la mort à 17ans dans un accident de voiture, elle rencontre ensuite Jean-Claude Parisis à Newport et part faire la traversée de l’Atlantique avec lui. La mer ne la quittera plus. Elle deviendra la première femme à remporter la route du Rhum en 1990. Ses amours avec Olivier de Kersauson ou Jean-Claude Parisis, sa difficulté à se faire accepter dans un monde d’hommes, son abnégation à mener à bien ses projets, son goût trop prononcé pour l’alcool, ses relations conflictuelles avec son père, façonnent un personnage avec des failles d’où giclent l’énergie insatiable de vivre de Florence Arthaud.



Géraldine Danon s’est donc concentrée sur ces éléments qui ont construit la femme qu’elle fut, ce phare qu’elle a été dans l’histoire sportive des femmes, prouvant qu’elles doivent être reconnues à égalité des hommes. Cependant, à trop vouloir montrer l’intensité de Florence Arthaud, le film n’est qu’une succession d’instants forts, de scènes où les personnages semblent s’exorciser de choses, se battre constamment contre des éléments, jubiler de la vie - appuyé par une bande-son omniprésente (par peur du vide ?) et il oublie un peu la relation avec la mer que Florence pouvait avoir. Le personnage apparaît malheureusement trop linéaire, bloqué dans un schéma et presque éloigné de l’eau. Le cinéma peine à relier les deux dans son mouvement. Le film semble ébloui ou emporté par cette vitalité qu’il pose comme concept pour comprendre Florence Arthaud.




Du sport nautique, finalement, on n’en voit donc pas assez. D’autant plus décevant que l’on en voit pas assez en général. Mis à part quelques grands documentaires, Wind (C. Ballard, 1992) sur la coupe de la America, l’histoire du Kon Tiki (J. Rønning, E. Sandberg, 2012) ou le très beau En solitaire (C. Offenstein, 2013) qui pose des questions morales pendant un Vendée Globe, les films de voile sont peu nombreux alors que c’est un territoire où l’aventure est partout. Dans le film, Florence Arthaud semble passer plus de temps sur terre que sur mer, à se battre avec ses émotions et c’est dommage car dans les scènes maritimes le film décolle vraiment, touche un peu de la grâce et de la force de cette navigatrice unique. C’est d’ailleurs le trimaran avec lequel elle a gagné la route du Rhum, Pierre 1er, qui est utilisé dans le film. Flo laisse donc sur sa faim - le caractère de Florence a dévoré le film - mais révèle par contre une actrice Stephane Callard.


Julien Camy


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