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1/2 Entretien avec Jean-Baptiste Guégan

1. Pouvez-vous vous présenter ?

Enseignant, journaliste et auteur, j'ai plusieurs casquettes depuis toujours. À côté de mon enseignement en histoire-géographie à Paris, j'ai toujours eu une activité journalistique. D’abord dans le cinéma pour des pure players comme dvdrama.com ou excessif.com ou TF1 puis dans le sport avec Ecofoot.fr, Team Sport Eco et d'autres.

Cette double compétence m'a permis de devenir formateur de professeurs et de donner des cours dans le Supérieur, que ce soit en École de journalisme à l’Esj Paris, à l’IUT de Sceaux ou en École de commerce, à l’ISTEC Paris et ailleurs. J'ai donc plusieurs spécialités, l'histoire, la géographie et la géopolitique du fait de mes activités d'enseignant, et deux passions, le sport et le cinéma. Cela m'a conduit tout naturellement à vouloir écrire des livres. Grâce à une belle rencontre, celle de mon éditrice chez Bréal/Studyrama, j’ai eu cette possibilité. J'ai pu réaliser un livre que j'avais en gestation depuis trois ans et le début de mes cours en master journalisme sportif à l’ESJ Paris : Géopolitique du sport, une autre explication du monde.

Trois autres sont en cours d’écriture dont un sur la future Coupe du monde de football en Russie.

2. Qu’est-ce que la géopolitique ?

La géopolitique, c'est une méthode pour comprendre le monde, son organisation mais aussi ses conflictualités. C'est une démarche pragmatique et rationnelle qui en s'appuyant sur la géographie, saisit à plusieurs échelles, les grandes questions, les défis et les oppositions de notre temps. C’est une approche différente du monde, elle en fait ressortir les enjeux et les rapports de force sous un autre angle. Yves Lacoste à qui on doit le renouveau de la géopolitique en France avec Michel Foucher, la définit comme l'étude des relations, rivalités et rapports de force entre acteurs sur un même territoire, le tout à une échelle donnée. Pour expliquer cela plus simplement, la géopolitique permet de comprendre pourquoi le Qatar agit dans le Golfe Persique, comment il le fait et notamment pourquoi il investit autant dans le sport et le football.

3. Pourquoi le sport est-il un moyen d’affirmation de la géopolitique ?

Le sport est un élément géopolitique parmi d’autres pour affirmer la puissance des Etats. Il suffit pour s’en convaincre de voir les milliards d’euros investis dans le monde pour organiser les grandes compétitions sportives et l’appétence de tous, démocraties comme régimes autoritaires, pour les accueillir.

Cela tient à plusieurs raisons. Dans un premier temps, le sport révèle la puissance traditionnelle d’un État. Un État sportivement fort ne peut l’être que s’il est capable de former sa jeunesse et de lui offrir les moyens éducatifs, sanitaires et techniques pour y parvenir. Le sport est en cela un bon indicateur de la santé économique d’un Etat car il n’y a pas de sports de haut niveau, sans moyens financiers ni infrastructures. En somme, le sport permet de mesurer le développement d’un État et sa puissance dure, son hard power.

Dans un second temps, le sport est aussi à considérer comme un facteur de rayonnement et d’attractivité pour les Etats. On parle alors de puissance feutrée ou douce, c’est-à-dire de soft power. Il permet par l’organisation de tournois, de grandes manifestations ou par la victoire de ses athlètes et équipes de montrer une image positive du pays et de le faire connaître et reconnaître.

Le sport apparaît alors comme un levier d’influence internationale et un moyen de peser dans les relations internationales autrement que par la contrainte. Le Qatar a choisi cette voie. Quant à la Russie, elle se sert du sport pour améliorer son image et lutter contre les reproches qui sont faits au régime de Vladimir Poutine.

4. Quels sont les grands acteurs du sport et leurs relations ?

Les acteurs du sport sont multiples et leurs relations très complexes. Outre les sportifs amateurs ou non, les clubs, les fédérations nationales qui les représentent ou les spectateurs qui les suivent, ceux qui comptent le plus sont au nombre de quatre. Il y a d’abord :les États qui organisent les événements, définissent et coordonnent les politiques sportives,les médias et diffuseurs qui montrent le sportles firmes transnationales comme Nike, Hyundai ou Gazprom qui sponsorisent le sport mondial et en tirent profit pour vendre leurs produits, leur image ou accroître leur influence,les fédérations internationales responsables du sport mondial (CIO) ou de l’organisation de chaque sport en particulier, des règles jusqu’aux compétitions (FIFA, UCI, FIA…). A cela, il faudrait rajouter d’autres institutions comme l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), les intermédiaires du sport, les détenteurs des droits sportifs ou encore les organisations criminelles qui investissent le sport pour de sombres desseins. La démultiplication croissante du nombre d’acteurs est assez révélatrice de la complexité du sport mondial et des défis qui lui sont proposés. Tous ont des intérêts différents et parfois contradictoires ou conflictuels. On comprend ainsi aisément que certaines problématiques du sport mondial pris entre dopage, blanchiment, marchandisation des hommes et instrumentalisation politique.

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