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"Une histoire populaire du football" de Mickaël Correia

Quand on est passionné.e de football, porté.e par des valeurs d’humanité, de solidarité et de liberté, le foot-business de ce 21ème siècle a de quoi nous rendre perplexe voir nous décevoir. Salaires démentiels, transferts pharaoniques, star-system exacerbé viennent s’ajouter aux classiques comme la corruption, le racisme ou encore l’homophobie. Le football n’était pas vraiment mieux avant, traversé déjà de paradoxes, de turpitudes et de grandeur, mais l’hypermédiatisation due à Internet et à la multiplication des chaînes TV a agi comme un miroir déformant de ces paradoxes, mettant sur un piedéstal une certaine forme d’aberration du football tout en invisibilisant ce qui n’est pas marchandable, dans le passé comme dans le présent. C’est toute la beauté du livre de Mickaël Correia que de nous redonner goût au football, ou plutôt, à un certain football.


Son Histoire Populaire du Football est une œuvre salutaire qui replace ce sport dans un contexte historique et culturel où il échappe, ou tente d’échapper, aux divagations financières de la libéralisation et aux politiques réactionnaires. On prend plaisir à découvrir ou redécouvrir des pages glorieuses de l’histoire du ballon rond comme l’équipe du FLN de Rachid Mekhloufi ou la Démocratie Corinthians de Socrates. On vibre et on lutte avec les ultras turques et caïrotes qui conjuguent passion du football et soif de liberté. On s’émancipe avec l’équipe féminine des Dick, Kerr’s Ladies, les Dégommeuses, les indiens zapatistes du Chiapas et le football palestinien. On se révolte avec les supporters du Sankt Pauli FC d’Hambourg, du Barca, du FC United of Manchester et de Liverpool. Ici, on revendique à la FFF en Mai 68. Là, on découvre les luttes antifascites en Italie jusque dans les tribunes de Serie A. Des usines du 19ème siècle au foot des cités, l’art du ballon rond aura toujours du se tenir en équilibre sur un rapport de force, entre un sport outil de contrôle social et un jeu émancipateur face à toutes les formes d’oppression. Ainsi, les destinées individuelles et collectives s’entrecroisent, que l’on soit une légende comme Maradona ou restée bien trop dans l’ombre de l’Histoire comme l’incroyable Alice Milliat.


Mickaël Correia nous transporte dans le temps et l’espace pour explorer la mémoire footballistique et ainsi mettre en parallèle, et en opposition, deux conceptions du sport : celui qui émancipe et celui qui se vend. Le passionné pourra difficilement repousser les sirènes du football business, tant notre amour de ce jeu peut agir comme un calmant face à ses dérives. Néanmoins, Une Histoire Populaire du Football nous fait réfléchir. A quel point peut-on accepter que ce jeu, si simple et si prenant, soit dévoyé ? Quelles limites, malgré la passion, doit-on se fixer, lui fixer ? Le football est-il un opium du peuple, un outil d’oppression, un espace de reconquête de nos libertés, un besoin cathartique vital ou tout cela à la fois ?


Une Histoire Populaire du Football nous raconte le football d’hier et d’aujourd’hui, nous éclairant sur les enjeux de la société humaine qui se reflètent dans le sport le plus mondialisé qui soit. Une lecture revigorante pour ne pas se laisser endormir par les paillettes du football spectacle.


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