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Le revers de Richard Gasquet

Grand espoir du tennis français, Richard Gasquet a connu les débuts de la gloire, puis quelques déboires et quelques renaissances. Jean Palliano tente de percer le mystère de l’itinéraire d’un surdoué à travers une longue réflexion autour de sa carrière et de la notion de talent dont l’incarnation est son fameux revers à une main. « La raquette s’élève, monte au plus près de la tête et opère un léger basculement, un changement d’axe renversant, avant la descente et l’accélération brutale qui précède la frappe ».




Richard Gasquet était le fils prodige que la France attendait. A 9 ans, il était déjà classé 15/4. Yannick Noah et Henri Leconte mettront 4 ou 5 ans de plus pour atteindre ce niveau. A 13 ans, il domine Nadal. Il est le plus fort de son âge. On loue ses qualités techniques, tactiques mais surtout son mental, son équilibre et sa sérénité dans les compétitions. Il fait preuve d’une telle précocité, un talent naturel que les journalistes le surnomment le « petit Mozart du tennis français ». Cette réputation sera sans trop lourde à porter, une légende trop fragile, trop incertaine, pour s’inscrire dans la durée. Jusqu’à 18 ans, il réussit à battre Roger Federer et à suivre une progression similaire. Tous les deux passent de la 100e place à la fin de leur adolescence au top 10. Qu’est ce qui a pu faire la différence entre les deux ? Gasquet a mal vécu ce statut du prodige, au point de faire un burn out à 18 ans. Un incident va marquer le début de sa chute. Lors des qualifications de l’US Open 2004, il jette sa raquette. Celle-ci rebondit dans l’arcade sourcilière de l’arbitre. Il est disqualifié. Le calme, le tempérament solide et réfléchi de son adolescence viennent de voler en éclat. Richard Gasquet éprouve la frustration de ne pas obtenir les résultats que l’on attendait de lui. Il découvre que dans le tennis moderne, l’athlète a supplanté l’esthète.



Dans une autre époque, il aurait été un grand joueur mais aujourd’hui la puissance et la condition physique ont pris le pas sur le talent et la technique. De son côté, Roger Federer prend le chemin inverse. Il se maitrise, se forge des nerfs d’acier pour exprimer la potentialité de son talent. Il y a un malentendu entre les attentes de Gasquet et celles du public. Il paraissait n’afficher aucune ambition sinon de figurer dans le Top ten au moment où la France espérait le voir enfin remporter Roland Garros. Un échec qui se lit sur son visage. Il gardera longtemps cet aspect juvénile, cet air d’ado insouciant pendant qu’Andy Murray, Rafael Nadal ou Novak Djokovic allaient devenir des adultes, qu’ils allaient vieillir plus vite.


Avec 15 titres et une place de n°7 au classement ATP, Richard Gasquet n’aura pas fait partie de cette catégorie des enfants prodiges retombés dans l’oubli général. Il aura brillé dans certains matchs de légende sans jamais remporter de tournoi du Grand Chelem. En mêlant analyses, faits historiques et souvenirs personnels, Jean Palliano dissèque le(s) revers de la carrière d’un joueur prometteur qui n’aura pas su exploiter tout son potentiel….



Jean Palliano. Le revers de Richard Gasquet. Editions Anamosa, 2019.

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