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Sport & cinema : "Les Joueuses", aux origines de la mue du foot au féminin

Voilà une semaine qu’est sorti en salles « Les Joueuses », le film de Stéphanie Gillard. Pendant une saison, la réalisatrice a filmé les joueuses de la section féminine professionnelle de l’Olympique Lyonnais devenue la meilleure équipe féminine de football au monde.


On suit les coulisses de la section féminine professionnelle rhodanienne. Les joueuses sont filmées au quotidien, lors de leurs entraînements, bien sûr, l’occasion alors de se rendre compte des infrastructures dont elles bénéficient et de l’évolution que l’OL a permis dans le football au féminin, sous l’impulsion de son président. Jean-Michel Aulas a en effet investi dans cette équipe féminine il y a quelques années, à une pas si lointaine époque où le foot au féminin était encore un vilain mot.


Le spectateur découvre le quotidien des vestiaires, les trajets en bus et la camaraderie entre les joueuses. De quoi rappeller avec nostalgie un autre célèbre documentaire footballistique, Les Yeux dans les Bleus, de Stéphane Meunier. L’esprit d’équipe dans ce qu’il a de plus beau, de plus fort, et de plus transcendant.


Mais derrière ce ton rigolard, derrière la légèreté du football et les rires de jeunes femmes pour qui le ballon rond est un sacerdoce depuis l’enfance, le documentaire prend aussi un ton plus sérieux. Lors d’un déplacement en Coupe de France, par exemple, la caméra de Stéphanie Gillard est le témoin des installations encore vétustes du club hôte, et du manque de vestiaires. Preuve que l’Olympique Lyonnais est une aventure qui marche, mais que derrière, le foot au féminin a encore des montagnes à gravir.


Le documentaire aborde d’ailleurs de manière frontale les questions qui fâchent. Les joueuses n’hésitent pas à donner leur avis, c’est le cas de Jessica Fishlock ou d’Eugénie le Sommer. Leur parole, forte, donne du poids au documentaire. Wendie Renard explique qu’il a fallu attendre la décennie 2010 avant qu’une joueuse soit payée pour jouer au foot. Il est aussi salutaire que la réalisatrice filme cet échange où la Norvégienne Ada Hegerberg, ballon d’Or 2018, rappelle pourquoi l’OL a réussi. « Notre président a la meilleure équipe au monde parce qu’il nous respecte. » Un témoignage fort de la part de la footballeuse, qui s’est mise en retrait de la sélection norvégienne pour protester contre le manque de moyens alloués à la sélection de son pays.


Stéphanie Gillard a aussi soigné la forme. C’est peut-être un détail, étant donné que le football au féminin se plaint parfois d’être sous-exposé et qu’une telle mise en avant serait déjà du pain béni. Mais quand on a une vitrine, autant bien faire les choses, n’est-ce pas ? Par le passé, le football au féminin a été beaucoup trop illustré à tort, sous le prisme des hommes. Par exemple, dans la presse écrite. Or, il est marquant de voir combien les joueuses sont présentes à l’écran dans « Les Joueuses ». La réalisatrice a filmée de près les footballeuses pendant les matchs. De très près. On entend leur voix, leurs cris, leurs souffles, leurs respirations, leurs bruits de pas, leurs efforts, leurs sourires, leur combat. Les caméras suivent les protagonistes et elles ne sont que des filles. Quel plaisir. Certains verront un parallélisme avec Zidane, un portrait du 21e siècle. Même les deux plans sur le coach de l’époque, Reynald Pedros, ou le président Aulas, sont furtifs.


Il est clair que l’Olympique Lyonnais a fait beaucoup pour le développement de son équipe féminine. Ce documentaire « grand public », ravira les adeptes des belles histoires et les passionnés de football. Certes, « Les Joueuses » ne répond pas à la question « mais comment donc les autres clubs peuvent-ils faire comme l’OL ? ». Mais le problème de l’écart entre l’OL et une équipe de bas de tableau de la D1 Arkema est le même que celui de l’écart entre les gars du PSG et ceux de la lanterne rouge de Ligue 1. Il faut de l’argent, mais aussi du temps. Et il ne se résout pas en un documentaire.


En attendant, puisque le combat des championnes de l’OL doit continuer coûte que coûte, la scène de l’échange entre Selma Bacha et l’expérimentée Wendie Renard, en conclusion, symbolise la force de l’héritage. « Maintenant, c’est à vous de vous battre », lui dit la capitaine de l’OL. Maintenant, il n’y a plus qu’à reprendre le flambeau. Ça tombe bien, elles ne sont pas là pour danser.


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