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Entretien avec Quentin Moynet, auteur de « Out ! » : Le tennis ne doit laisser personne indifférent

Cassages de raquettes, empoisonnement et crânes fendus, voici quelques thèmes, histoires dingues et décalées du livre « Out ! » de Quentin Moynet chez Hugo Sport, journaliste de l’Equipe et spécialiste du tennis. Rencontre.

Quand et comment avez-vous décidé d’écrire ce livre ?

C’était l’été dernier. J’étais en train de fouiller dans les archives de L’Equipe pour un article quand j’ai réalisé à quel point c’était une mine d’or. J’ai commencé à trouver des anecdotes, des phrases drôles, des histoires ici et là, dans des interviews, des comptes rendus d’époque, etc…. Je me suis mis à les compiler puis à faire des recherches pour trouver le plus de détails possibles. L’idée est venue comme ça. J’ai aussi fouillé du côté de l’INA et j’ai retrouvé de nombreuses coupures de presse du début du XXe, parfois même de la fin du XIXe, numérisées. J’ai également discuté de longues heures avec d’anciens journalistes de L’Equipe, Philippe Bouin et Alain Deflassieux, véritables mémoires vivantes du tennis.


Comment avez-vous sélectionné les anecdotes ? Quels étaient vos critères ?

Il fallait qu’elles aient un caractère incroyable, décalé, fou, inédit. Certaines sont connues, comme le coup de couteau dans le dos de Monica Seles. Pour celle-là comme pour d’autres, l’idée était de trouver un angle original qui puisse surprendre ceux qui connaissaient l’histoire. Pour reprendre l’exemple de Seles, je me suis intéressé à son agresseur, à son histoire en Allemagne de l’Est dans les années 80, abandonné par sa mère, fou amoureux de Graf au point de l’afficher en poster partout chez lui et de lui envoyer des fleurs puis de l’argent par courrier. Mais la plupart des histoires sont inédites, remplies d’anecdotes et de détails jamais publiés.




"Un des objectifs du bouquin : s’écarter du préjugé qui en ferait un sport lisse et ennuyeux, rempli de joueurs sans caractère. "

Le tennis est souvent considéré comme trop lisse. Ce livre a-t-il pour but de montrer une autre facette de ce sport, et une certaine folie de ces joueurs ?

C’était en effet un des objectifs du bouquin : s’écarter du préjugé qui en ferait un sport lisse et ennuyeux, rempli de joueurs sans caractère. C’est aussi pour ça que j’ai choisi Benoît Paire pour la préface : il donne, au même titre qu’un Nick Kyrgios, une dimension irrationnelle à la discipline, des coups de folie, des pétages de plomb, des phrases fortes, de l’honnêteté. Certains les détestent, d’autres les adorent, mais ils ne laissent personne indifférent. Le tennis ne doit laisser personne indifférent non plus : c’est un sport de dingos ! Je crois qu’on ne peut pas être un champion et être quelqu’un de « normal », ce sport est trop particulier, trop dur psychologiquement. De nombreuses histoires dans le livre le montrent : des joueurs tombés en dépression, dans la drogue ou l’alcool, un joueur qui avait un aigle imaginaire sur l’épaule, etc…


Parmi la centaine d’anecdotes, quelle est l’histoire la plus folle pour vous ?

Difficile de n’en retenir qu’une, mais le finaliste de Wimbledon devenu meurtrier, arrêté par la police pendant qu’il dégustait son petit-déjeuner comme si de rien n’était alors même qu’une malle remplie des morceaux découpés d’une femme était posée à côté de lui, c’est pas mal non ? Il y a aussi les deux survivants du Titanic devenus champions de tennis, le joueur qui a fui les nazis avant de passer ses nuits à faire la fête à Saint-Germain-des-Prés en plein Roland-Garros ou à faire des séances de yoga transcendantal… dans un casier ! Et puis une petite sympathie pour Ilie Nastase, qui a droit à un chapitre entier tant les anecdotes le concernant sont nombreuses. Ma préférée : quand il a amené un chat noir sur le central pendant un double pour faire paniquer ses adversaires italiens ultra superstitieux.

"J’ai beaucoup de sympathie pour Benoît et ses failles. Il est très honnête sur ses limites, son incapacité à tout sacrifier, sa vie, ses Spritz et son golf, pour son tennis".

La préface de Benoit Paire est vraiment excellente. On a presque l’impression qu’il vient d’écrire une partie de son livre. Qu’en pensez-vous ? Quel est votre avis sur le joueur et l’homme ?


J’ai beaucoup de sympathie pour Benoît et ses failles. Il est très honnête sur ses limites, son incapacité à tout sacrifier, sa vie, ses Spritz et son golf, pour son tennis. Dans cette préface, il se confie comme jamais sur sa vie, ses craintes, ses peines de cœur, ses échecs et ses inspirations. C’est un vrai personnage du circuit, avec ses excès, ses coups de folie, son jeu génial et ses dérapages. Je comprends totalement qu’il agace. Moi, je le trouve rafraîchissant.


Quentin Moynet. Out !. Hugo sport, 2020.


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