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Cinq bonnes raisons de regarder "Le Jeu de la Dame"

Arrivée dans une relative discrétion, Netflix vient de sortir probablement une des meilleures séries de l’année 2020, Le Jeu de la Dame, ou The Queen’s Gambit en VO. Cette fiction, créée par Allan Scott et Scott Franck, inspirée du roman éponyme de Walter Tevis (1983), nous conte le chemin sinueux de Beth Harmon dans le monde des Échecs, prodige au passé douloureux qui doit autant affronter de grands talents de ce jeu que ses propres démons. Depuis sa sortie, la mini-série de sept épisodes emporte l’adhésion d’une très grande majorité, pour plusieurs raisons et notamment son interprète principale, l’incroyable Anya Taylor-Joy. Si vous ne l’avez pas encore vu, voici cinq bonnes raisons de regarder Le Jeu de Dame.

Attention, légers spoilers dans cet article.


1- Une découverte passionnante du monde des Échecs

Le Jeu de la Dame nous emmène dans l’univers des Échecs durant les années 1950 et surtout 1960. À travers la découverte du jeu par l’héroïne dans le sous-sol d’un orphelinat jusqu’au tournoi final à Moscou, en passant par ses premiers tournois locaux puis des tournois professionnels à travers le monde, la série nous fait découvrir, pas à pas, l’art des Échecs, à la fois jeu et sport, lutte intense qui met à rude épreuve l’esprit mais aussi le corps.

Le roman profita de l’expérience de joueur de Walter Tevis. La série ajoute à cela celles de l’ancien champion du monde Gary Kasparov et du maître de la fédération américaine Bruce Pandolfini (qui avait déjà été conseiller sur le film À la recherche de Bobby Fischer). Le résultat donne une série qui maîtrise tous les aspects du jeu : défense sicilienne, stratégies d’ouverture et de fin de parties, références aux tactiques et histoires de grands champions comme le cubain José Raul Capablanca , les russes Boris Spassky et Alexander Alekhine ou encore l’américain Paul Morphy. Le réalisme est bluffant, que l’on soit expert ou non.

Loin d’une adversité apaisée d’un jeu suranné, c’est un combat usant qui opposent les participants. La série montre l’intensité des parties mais aussi la brutalité de la défaite aux Échecs. Ce réalisme tient à l’expérience des joueurs cités plus haut, ce qui permet de restituer avec exactitude la gestuelle des joueurs et les mouvements de pièces, mais aussi au fait que nombre des parties de la série sont inspirées de grandes rencontres jouées par des maîtres du jeu, dont Kasparov lui-même. Passionnant.


2- Un visuel impeccable

Les séries Netflix se définissent généralement par une grande maîtrise visuelle, que ce soit au niveau de la photographie, de la réalisation, des décors et des costumes. Le Jeu de la Dame ne déroge pas à cette règle. Si la réalisation n’est pas révolutionnaire, elle est admirablement bien maîtrisée pour nous mettre dans l’ambiance des tournois d’Échecs et leurs parties. La photographie, les couleurs, la lumière, les costumes et les décors sont au diapason du récit pour nous plonger en immersion totale dans le parcours de Beth, l’univers des Échecs et la vie quotidienne dans l’Amérique des Fifties et des Sixties. Maîtrisé.

3- Un univers musical en accord avec le récit

Une autre grande qualité des séries Netflix est la musique, que ce soit celle créée spécialement pour la série (ici l’œuvre de Carlos Rafael Rivera qui avait travaillé avec Scott Franck sur sa précédente série Netflix Godless) ou les musiques d’époque. Pour Le Jeu de la Dame, on se replonge dans les musiques des années 50 et 60, les débuts du rock n’roll ou encore le pop rock des années 60. On y découvre ou redécouvre The Vogues, Quincy Jones, Bill Compton, The Monkees, The Kinks et même Léo Ferré, pour ne citer que ceux-là. Allié à un visuel impeccable, la musique finit de nous téléporter à l’époque des aventures de Beth Harmon à chaque épisode. Emballant.

4 – Beth Harmon and co

C’est une histoire incroyable. Celle d’une petite fille qui, dès les premières minutes de la série, se retrouve orpheline et envoyée dans un foyer de jeunes filles. Foyer où elle va découvrir, secrètement, les Échecs avec le concierge, Mr Shaibel (joué admirablement, tout en mystère et mélancolie, par Bill Camp). Rapidement, elle se révèle être une prodige et la série va suivre son parcours, sinueux, parfois chaotique, pour devenir la meilleure joueuse d’Échecs du monde, dans un univers essentiellement masculin.


La narration de la série n’est pas sans rappeler celle des shōnen sportifs, ces mangas pour ados et jeunes adultes, où le héros, ou l’héroïne, doit passer diverses étapes, avec quelques retours en arrière pour mieux rebondir vers le succès. Beth va ainsi monter de niveau au fur à mesure qu’elle participe à des tournois de plus en plus prestigieux et difficiles, démontrant son génie, tout en étant sans cesse sur la corde raide.

Et dans ce parcours, elle affronte divers champions, dont certains deviennent des amis, voir des amants. On pense à Benny Watts (joué par l’excellent Thomas Brodie-Sangster, vu notamment dans Game of Thrones et le film Labyrinthe), ancien enfant prodige et meilleur joueur américain avec son chapeau de cow-boy et son long manteau de cuir noir, ou encore Harry Beltik (joué par Harry Melling aka cousin Dudley dans Harry Potter, qui offre aussi une belle performance), le champion du Kentucky. Et, parmi tous les adversaires, le plus grand des champions, le russe Vasily Borgovn (Marcin Dorocinski), le boss de l’ultime niveau, que rêve de battre la jeune championne.


Les rôles féminins ne sont pas reste. On citera notamment la mère adoptive de Beth, Alma Wheatley, jouée par Marielle Heller, un rôle central dans la première partie de la série, Jolene (Moses Ingram), meilleure amie de Beth depuis l’époque du foyer, et Isla Johnston, superbe interprète de la jeune Beth à 9 ans dans le premier épisode, alors qu’elle découvre les Échecs et son potentiel. Des personnages à fleur de peau et combatifs, qui construisent une narration féminine forte, contrebalançant l’omniprésence masculine dans le monde des Échecs où Beth doit faire sa place.

Si le magnifique personnage de Beth Harmon, grâce ou à cause de l’interprétation de son actrice, peut donner l’impression de vampiriser la série, les seconds rôles ne sont pas en reste pour amener la réplique, et même le répondant, au premier rôle, donnant du poids à l’intrigue. Indispensable.

5- Anya Taylor-Joy

La cinquième et meilleure raison pour la fin : Anya Taylor-Joy. Son interprétation de Beth Harmon est juste incroyable et donne tout son souffle épique à la série. Que ce soit son regard en lui-même et son jeu de regard, les mimiques de son visage, son déplacement dans l’espace, sa gestuelle, notamment durant les parties, sa communication verbale et non verbale, elle est dans une maîtrise absolue du personnage.


On souffre avec elle quand elle est dans la difficulté, on a peur pour elle quand elle bascule, on vibre avec elle quand elle découvre, on jubile avec elle quand elle écrase ses adversaires, adoptant à chaque fois le phrasé et la gestuelle parfaites. Sa performance illumine l’écran. Magistrale.

Conclusion, n’hésitez pas à vous délecter de cette série, à y découvrir l’univers des Échecs, à y admirer l’interprétation brillante d’Anya Taylor-Joy et à rejoindre la cohorte toujours plus grande de celles et ceux qui ont découvert une grande série, et particulièrement, une grande série de sport. Ce qui reste, malheureusement, assez rare.

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