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Cinq bonnes raisons de voir Cobra Kaï

Depuis 2018, le plus célèbre des dojos de la vallée refait parler de lui. Bien entendu, je parle du Cobra Kaï, dojo ennemi des héros du film Karaté Kid, Daniel Larusso et Monsieur Miyagi. Produit par YouTube Red avant de débarquer sur Netflix, Cobra Kaï, dont la saison 4 vient de sortir sur la plateforme durant les fêtes de fin d’années, nous ramène dans l’univers du cultissime Karaté Kid. Mais, plus qu’une série surfant sur la nostalgie, c’est aussi une œuvre à mi-chemin entre série sportive et série d’action, où le karaté retrouve le devant de la scène. Dans cet article, je vais vous donner cinq bonnes raisons de vous faire mordre par Cobra Kaï.


Une série madeleine de Proust

Pour celles et ceux qui comptent quelques décennies au compteur, Karaté Kid est notre jeunesse. Avec un premier film sorti en 1984, cette œuvre culte représente une époque où on rêvait d’être le ou la Karaté Kid remportant un combat grâce au fameux coup de la cigogne. Trois autres films suivront en 1986, 1989 puis en 1994 avec Miss Karaté Kid. Un remake serait fait dans l’univers du Wushu (ou boxe chinoise) en 2010 avec Jaden Smith et Jackie Chan.

La série nous amène 34 ans après les films et nous donne l’occasion de revoir les héros de notre enfance, à l’exception de M. Miyagi, l’acteur Pat Morita étant décédé en 2005. Néanmoins, grâce à des évocations nombreuses, des photos et des extraits des films originaux, il reste un personnage incontournable de la série. Bien entendu, Daniel LaRusso, aka Daniel-san le Karaté Kid, est l’un des personnages centraux mais tous ses adversaires passés reviennent dans la série pour y jouer également un rôle majeur, permettant à Cobra Kaï d’essayer de solder les comptes des films. Essayer car la série ne manque pas de rebondissements.

Même si le fan service est un des piliers fondateurs de cette œuvre, il n’est pas grossier. Au contraire, il est parfaitement maîtrisé pour répondre à une certaine nostalgie tout en vivifiant l’univers des films. Cobra Kaï est donc une véritable madeleine de Proust. Une madeleine délicieuse.


Un univers rajeuni

Certes, la série est une madeleine de Proust mais c’est aussi une suite et donc une œuvre nécessairement rajeunie. Les héros d’hier ont aujourd’hui la cinquantaine passée et ils ont eu une vie. Ils se sont mariés, ont eu des enfants, ont traversé des épreuves, ont réussi ou échoué mais ils ont vécu. Cobra Kaï nous permet donc de voir comment les héros de notre jeunesse ont évolué. Une chance rare. Si certains films ont donné lieu à des séries TV, il est très peu courant, voire rarissime, que ces séries suivent directement l’histoire du ou des films (ici, on pensera surtout à la série Stargate SG-1 qui prend le relais du film dans un même univers et avec les mêmes personnages). Il est encore plus rare que les acteurs originaux en soient (cas de figure que l’on retrouve désormais dans les séries du Marvel Cinematic Universe).

Mais ce qui rajeunit l’univers Karaté Kid est que les intrigues se placent également au sein de la jeune génération et dans un univers lycéen. Bien entendu, les enfants des protagonistes des films sont au cœur de l’intrigue mais aussi d’autres lycéens et lycéennes qui vont trouver dans le karaté un moyen de sortir de leurs conditions ou de l’affirmer encore plus. On y retrouve les dynamiques de harcèlement scolaire, de rapports de classe ou d’enjeux amoureux qui existaient déjà dans les films Karaté Kid. Sur ce point, Cobra Kaï n’innove pas mais se plaît à rejouer les films en les modernisant avec les codes du présent, jonglant également avec d’autres codes, ceux des teenage movies et des films de karaté qui, entre 1984 et 2021, n’ont pas tant changé que ça. Efficace.


La série bat en brèche le manichéisme des films

Là où la série innove, c’est dans son approche des personnages. Les films Karaté Kid avaient des intrigues qui restaient très manichéennes. Certes, certains « méchants » des films pouvaient avoir des regrets, des remords, des hésitations. Certes, Daniel LaRusso pouvait aussi faire des erreurs. Mais, globalement, les méchants n’attiraient aucune sympathie. Cobra Kaï rectifie le tir. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que la série se nomme ainsi. Le regard qu’elle porte à ses débuts sur l’univers Karaté Kid est un what if : et si le méchant de l’histoire était Daniel LaRusso et non Johnny Lawrence ?

La réponse n’est pas si simple mais la série tente de sortir d’un certain manichéisme, ce qui la rend très intéressante sur ce point-là. Même les méchants senseï de Cobra Kaï, John Kreese en tête, nous permettent de voir, notamment à travers des flashbacks, que la vie ne se résume pas à des méchants et des gentils mais que nous portons tous et toutes en nous des fragilités et des parts d’ombre, tout autant que des sentiments sincères et une part de lumière. Cette profondeur dans la psyché et le background des antagonistes de Daniel LaRusso et M. Miyagi, mais aussi dans les nouveaux adversaires, permet à la série de donner un nouveau souffle à l’histoire originale et de ne pas reproduire de manière simpliste les oppositions vues dans les films, tout en garantissant un certain nombre de rebondissements.


Johnny Lawrence

Et si le vrai Karaté Kid était Johnny Lawrence du Cobra Kaï ? Cette théorie sur le blondinet du premier film fut notamment imaginé par le personnage de Barney Stinson, de la série How I Met Your Mother, dans un épisode où apparaît notamment Ralph Macchio aka Daniel LaRusso. Et, il est vrai que l’ancien élève numéro 1 du Cobra Kaï ouvre la série. Sans compter qu’il est toujours un excellent karatéka, au style offensif et spectaculaire. Joué par William Zabka, Johnny Lawrence est certainement le personnage numéro 1 de la série et le plus intéressant. C’est celui qui amène, à la fois, le plus d’humour et le plus d’émotion dans Cobra Kaï. Visage caricatural d’une masculinité toxique, en pleine déchéance, ennemi du Karaté Kid, la série a pour but de réhabiliter le personnage et de le faire évoluer, voire de le faire entrer dans le 21ème siècle, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais ces décalages offrent justement une écriture extrêmement intéressante pour le personnage, formant un superbe duo d’amour-haine avec Daniel LaRusso, qui permet à la série d’avoir un point de vue un peu différent sur le Karaté Kid Daniel-san, moins manichéen comme vu précédemment. Rassurez-vous : le disciple du Miyagi-Do reste Karaté Kid, héritier de la sagesse de son senseï, mais la série souligne un peu plus les mauvais côtés de celui-ci, notamment son côté têtu et impulsif, tempérant l’image de « méchant » du Johnny Lawrence dans le premier film. En tout cas, la relation compliquée, explosive mais aussi attachante entre les deux karatékas est l’un des points forts de la série.


Des combats efficaces : le karaté redevient tendance

Evidemment, nous sommes sur Ecrire Le Sport et il faut donc parler sport. Et Cobra Kaï n’en manque pas. Comme dans beaucoup de films sur le sujet, le karaté est représenté sous deux aspects : un art martial et un sport de combat. Il est à la fois une philosophie de vie et une discipline avec ses trophées et ses tournois. Naturellement, vous vous en doutez, la partie sport de Cobra Kaï est représentée par deux éléments centraux dans les films : les dojos, avec la partie entraînement, et le fameux tournoi junior de la vallée, dont LaRusso fut le double vainqueur dans Karaté Kid 1 et 3. Ce qui ne veut pas dire que les scènes de combat s’arrêtent là. Au contraire, la série est rythmée par de nombreux affrontements hors concours, bagarres entre jeunes ou entre adultes, au gré des péripéties des protagonistes.

L’un des mérites de Cobra Kaï est la qualité des combats. Le karaté y est modernisé, spectaculaire, acrobatique. Il donne envie. Ancien art martial prisé du cinéma, il a vu d’autres disciplines le supplanter à l’écran comme le kung-fu, les arts martiaux mixtes ou des formes militarisées de combats rapprochés dans les films d’action et d’espionnage. Cependant, la série démontre que le karaté reste un art martial d’un grand esthétisme, capable de procurer des émotions, y compris lors de tournois sportifs. Si vous pensiez que le karaté à l’écran, c’était ringard, Cobra Kaï vous montre brillamment que c’est faux.


Conclusion

Voilà cinq bonnes raisons de suivre la série Cobra Kaï et ses quatre premières saisons. Certes, la série n’est pas exempt de défauts, comme toute série, mais ses qualités sont indéniables. Elle permet aussi de faire le lien entre différentes générations pour offrir une culture commune autour de l’univers Karaté Kid. Ce qui semble fonctionner puisque la série, qui est un succès (140 millions d’heure de visionnage dans les 6 jours suivant la sortie de la saison 4), aura droit à sa cinquième saison courant 2022 (elle a déjà été tournée) puis à une sixième saison. Et peut-être même un spin-off. De quoi prolonger la dégustation de cette délicieuse madeleine de Proust.


Gaétan Alibert




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