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Du football sur les planches

En 2018, au Théâtre Am Stram Gram (Centre international de création et de ressources pour l’enfance et la jeunesse) à Genève, est créée la pièce Trois minutes de temps additionnel de Sylvain Levey, mise en scène par Eric Devanthéry. La pièce est publiée en 2020 par les éditions Théâtrales Jeunesse.

Kouam et Mafany sont guinéens. Ils ont 14 ans et passent tout leur temps libre à jouer au football. Unis comme deux frères, ils rêvent d’aller en Angleterre et d’intégrer Manchester United. Un jour, la chance leur sourit : une Anglaise débarque et semble s’intéresser à eux… Elle recrute pour le petit club de Bradford : première étape vers la vie rêvée ?

Nous avons rencontré Sylvain Levey…



Pouvez-vous nous expliquer la genèse de cette pièce ?

Je m'étais promis d'écrire un texte sur le foot depuis longtemps mais je ne trouvais pas l'angle d’approche. Je ne voulais pas faire la biographie d'un joueur célèbre, mais je voulais célébrer ce qui m'a toujours plu dans ce sport : la notion de jeu et de beauté du geste. Je voulais aussi être critique… Ecrire sur le football c'est aussi – me semble-t-il – remettre en cause les à côtés de ce sport. J’ai grandi avec les valeurs du football, du collectif. Mon père était président du club de La Frette-sur-Seine en région parisienne et ma mère tenait la buvette. Ce club, dont la réalité est très loin du foot business, rassemblait des gens de tout horizon. Finalement, Trois minutes de temps additionnel est un hommage au beau jeu.




À travers le destin de Kouam et Mafany, deux joueurs de football guinéens qui rêvent de grands clubs européens, que souhaitez-vous mettre en lumière, voire dénoncer ?

Kouam et Mafany sont les victimes d'un système qui se sert du football, dans un but de rentabilité et une perspective à court terme. J'aime profondément le football mais je pense qu’il occupe trop de place, notamment dans les médias. Je ne crois pas que cela rende service à ce sport – ni à personne d’ailleurs, sauf à quelques uns à court terme –.




Publiée aux éditions Théâtrales Jeunesse, votre pièce s'adresse-t-elle avant tout à un public adolescent ? En quoi entre-t-elle en résonance avec les centres d'intérêt de la jeunesse ?

Je crois que les adolescent.e.s qui lisent ce texte se retrouvent dans le destin de ces deux jeunes garçons. Nous avons besoin d'empathie pour grandir et devenir humain et la littérature permet cela. Ils se retrouvent beaucoup aussi dans cette histoire d'amitié à long terme, infaillible.

Le lectorat ou public adolescent est aussi sensible au personnage féminin qui dénonce finalement les recrutements véreux : les jeunes gens ont besoin de s'identifier à des personnes capables de dire « non ».




On a vu se multiplier ces dernières années, les pièces de théâtre à thématique sportive. Le sport est-il propice à la mise en scène théâtrale ? Existe-t-il des convergences, des points de rencontre entre jeu théâtral et sport ?

Le sport et le théâtre vont bien ensemble. D'ailleurs, on dit « jouer » au football comme on dit « jouer » au théâtre… Il y a une dramaturgie du sport, avec des héros/ héroïnes déchu.e.s et des héros/ héroïnes couronnées. Au théâtre comme en sport, le suspens entre en jeu et la dimension d’exutoire est essentielle.


Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la très belle lettre à un.e jeune footballeur.euse qui clôture la pièce dans sa version imprimée ?

Je crois dur comme fer qu'associer sport et culture est une clé vers l’apaisement. Etre apaisé c'est être capable de mettre des mots sur des émotions, ce qu'offre la littérature… C'est aussi accepter de vibrer pour quelque chose qui peut paraitre plus anodin. J'essaie dans ce texte d'encourager le lecteur à poser un regard différent sur le sport et surtout à relativiser la notion d'idole. Il faut envisager le sport avec une passion raisonnée.


Propos recueillis par Julie Gaucher

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