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Entretien avec Julien Mahieu, co-auteur de Histoires insolites et secrètes du PSG

Le PSG de l'ère QSI paraît tellement sérieux et hermétique que le livre de Julien Mahieu, professeur de français, rédacteur pour So Foot et auteur de plusieurs livres sur le football, accompagné de son acolyte François-Xavier Cottin, nous rappelle que l'histoire du PSG a pu être amusante et insolite. Oui le PSG a eu une vie avant Zlatan, Neymar, Messi et MBappé. Rencontre.



Pourquoi un livre sur le PSG ?

Il s’agit d’une proposition de notre éditeur. À titre personnel, j’avais déjà participé à la rédaction d’un bouquin sur la Coupe du monde et je pensais me pencher sur un ouvrage similaire pour l’Euro 2020. Et puis mon éditeur m’a soumis l’idée d’adapter le format de la collection pour parler du Paris Saint-Germain, à l’occasion des 50 ans de l’histoire du club. L’idée m’a aussitôt plu, il ne me restait plus qu’à convaincre mon coauteur, qui se montrait un peu plus réticent devant l’ampleur de la tâche. On a discuté, on a échangé des idées sur ce que nous pourrions faire du livre avec beaucoup d’enthousiasme, et on s’est mis au travail.


Comment avez-vous travaillé à quatre mains et quels sont les matériaux utilisés (archives, livres, vidéos...) pour sélectionner les anecdotes ?

Le travail à quatre mains s'est fait de la façon la plus naturelle qui soit. En premier lieu, j'ai élaboré un plan assez grossier, puis nous nous sommes répartis les chapitres par affinités : les récits de match étaient souvent pour moi, par exemple, et les chapitres consacrés aux arcanes de la gestion du club revenaient plus généralement à mon coauteur. Mais surtout : quand l'un d'entre nous avait envie de traiter un sujet, il fonçait, ce n'est pas plus compliqué que ça. Ensuite, nous travaillions sur un document partagé, que nous pouvions modifier l'un et l'autre. Ainsi, dès qu'un chapitre était terminé, l'autre se livrait à une première relecture, et il pouvait modifier tout ce qu'il souhaitait. Cela implique de savoir mettre son égo de côté, et surtout d'avoir une confiance aveugle en les choix et la plume de l'autre. Notre collaboration s'est effectuée avec une facilité assez déconcertante, sûrement plus encore que nous ne l'aurions pensé : nous n'avons connu quasiment aucun désaccord tout au long de cette aventure, alors que nous n'avions pourtant pas la même façon de travailler à l'origine, et que nous sommes tous les deux assez exigeants en termes d'écriture. Ce fut une expérience très heureuse, et riche en enseignements.

Quant aux matériaux, nous avions puisé littéralement dans tous les supports possibles : nous avons épluché internet, nous nous sommes abonnés à plusieurs organes de presse pour consulter leurs articles, nous avons acheté et annoté une demi-douzaine d'ouvrages sur le PSG, nous avons feuilleté de vieux journaux et tous mes numéros de So Foot, et nous avons même regardé de vieux matchs du PSG en intégralité. En gros, si quelque chose ne figure pas dans le livre, ce n'est pas parce que nous sommes passés à côté : c'est juste qu'un choix a été fait de ne pas l'inclure.


On vous connait davantage en supporter du Stade Malherbe, quel est votre rapport au PSG ?

Je ne crois pas qu’il y ait un autre club en France sur lequel j’aurais accepté de travailler en dehors du Paris Saint-Germain – et du Stade Malherbe, évidemment, sur lequel j’ai déjà écrit. Je ne saurais dire pourquoi, peut-être parce que j’ai vécu à Paris et côtoyé des supporters du PSG, mais avec un autre club, je ne me serais pas senti légitime. Le PSG, c’est un club spécial. Le club qu’on aime tous détester – et c’est peut-être encore plus vrai depuis l’arrivée des investisseurs qataris. Mais c’est surtout un club avec une histoire incroyablement riche, un club capable d’exploits sportifs retentissants et de tragi-comédies invraisemblables, un club qui compte autant d’icônes et d’artistes de légendes que de personnages, d’anecdotes et de joueurs embarrassants. Bref c’est un club absolument fascinant, évidemment incontournable quand on adore le football comme moi. Un club qui vient de recruter le meilleur joueur de l’histoire et qui continue pourtant d’être assez pénible à voir jouer la plupart du temps. C’est fort, non ?


Dès la création du club, on voit qu’il n’est pas comme les autres. On pourrait le décrire comme le club des « Strasses, des paillettes et des peoples ».

Il y a beaucoup de raisons qui font que le PSG est un club à part. Déjà, c’est le club de la capitale, qui catalyse donc l’éternelle opposition entre Paris et la province. Ensuite, et c’est évidemment lié au premier point, les rédactions des principaux journaux sportifs et des chaînes de télévision sont à Paris. Donc l’équipe est toujours au centre de l’attention, qu’elle soit composée de certains des plus grands joueurs du monde, comme aujourd’hui, ou qu’elle soit engluée en seconde partie de classement, comme ce fut le cas au cours des années 2000. Et c’était déjà le cas lors de la création du club, qui a été permise notamment grâce à une émission de radio animée par Pierre Bellemare, lequel appelait les Parisiens à se mobiliser et à contribuer au financement d’un « grand club à Paris ». Parmi les bénévoles chargés de récolter les fonds, il y a Patrick Sabatier, Enrico Macias, Sacha Distel ou Eddy Mitchell. Et puis, dès 1973, il y a déjà l’arrivée d’un investisseur richissime, en l’occurrence le couturier Daniel Hechter, soutenu par Jean-Paul Belmondo et le « gang des chemises roses ». Bref, et c’est d’ailleurs le titre d’un chapitre du livre, « l’anonymat, ce n’est pas pour le PSG ».



Quelle est votre anecdote favorite ?

Elle met en scène Luis Fernandez, qui est sans aucune contestation possible « LE » visage du Paris Saint-Germain depuis sa création. Lors de son premier passage sur le banc, qui le mènera jusqu’à un titre européen, Luis met en place ses méthodes managériales, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles ne sont pas toujours orthodoxes. Il veut jouer au bon pote, il se comporte comme s’il était encore un joueur, et il n’hésite pas à taxer des clopes à ses joueurs, notamment Pascal Nouma. Il a même été encore plus loin, en ordonnant à Laurent Fournier et Patrick Colleter de reprendre la cigarette, sous prétexte que ça affectait leurs performances. Évidemment, la personnalité de Luis ne convenait pas à tout le monde au sein du vestiaire, et il a fini par se mettre un peu tout le monde à dos. Ce fut encore plus vrai lors de son second passage sur le banc ; là, il suffit de se pencher pour trouver des déclarations assassines d’anciens joueurs à son encontre.


La période ?

Comme je l’ai écrit dans un chapitre du bouquin qu’on a finalement supprimé, je ne crois pas que le PSG des années 2010 ait réalisé des exploits dignes de ceux accomplis au cours des années 1990. Entre 1993 et 1996, le PSG atteint quatre fois de suite une demi-finale européenne et finit par remporter la C2, et il compte dans ses rangs un paquet de joueurs ultra charismatiques, comme Raí, George Weah, Bernard Lama, Valdo ou David Ginola. Et le Parc des Princes, à cette époque, c’est un volcan en fusion. Il y a quelque chose de sulfureux et de romantique qui se dégageait du club, à l’époque...D’ailleurs, tous les fans de la première heure, quand on leur demande quelle période ils préfèrent, ils parlent de la période Denisot, et pas de la période qatarie.


Le joueur ?

Je ne suis pas vraiment supporter du PSG, mais il y a beaucoup, beaucoup de joueurs qui ont porté ce maillot, ou qui le portent encore, que j’aime énormément. Mais si je ne devais en retenir qu’un, je pense que ce serait Marco Verratti. Comme je l’ai écrit dans So Foot il y a quelque temps, « quand le PSG recrute le meilleur joueur du monde, le meilleur joueur du PSG s’appelle toujours Marco Verratti ». Il y a quelque de tellement insouciant, dans sa façon de jouer, dans ses prises de risque… C’est tout ce que j’aime. Quand Verratti est dans un bon jour, le PSG devient rapidement injouable.


Le match ?

Je vais jouer la provoc’ et je vais dire le Caen – PSG de 2008, victoire caennaise 3-0. En seconde période, ce fut une démonstration collective, ponctuée par un but inoubliable de Gouffran qui s’en va chambrer le parcage parisien. À la fin du match, les Parisiens avaient un pied en Ligue 2… Qu’est-ce que j’ai pu m’époumoner, ce jour-là !


Propos receuillis par Julien Legalle


Julien Mahieu et François-Xavier Cottin, Histoires insolites et secrètes du PSG, City éditions, 2021.

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