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Interview de Didier Angelu, auteur et éditeur des Sports US

Tout fan des sports US le sait. Hormis la NBA ces dernières années, il est difficile de trouver en France de la littérature traitant de baseball, de football américain ou de hockey sur glace. Et quand cela arrive, c’est un évènement exceptionnel ou un chapitre perdu dans un livre multisport. Mais depuis quelques années, les fans de la National Football League, la ligue professionnelle US de football américain, peuvent se repaître des récits de Didier Angelu, auteur et éditeur avec CMS Editions 64.

Cette petite maison d’édition qu’il a créé pour partager sa passion du sport américain a déjà édité plusieurs livres sur la NFL et la NBA. Ces dernières productions se sont concentrées sur la NFL, championnat du sport roi qui pris la place de numéro 1 au baseball au tournant des années 70 et 80. Après un livre sur la 100ème saison NFL et deux autres retraçant un siècle de football américain professionnel et l’aventure des Super Bowl, CMS Editions 64 sort un beau livre de photographies et de récits pour retracer 100 ans de NFL en images et sobrement intitulé « Football Américain », avec une préface de Richard Tardits, un des rares français à avoir joué en NFL.

Ecrire Le Sport est allé à la rencontre de Didier Angelu, auteur, éditeur et surtout un immense passionné, véritable encyclopédie du football américain.



Bonjour Didier. Peux-tu commencer par nous dire comment est venue ta passion pour les sports US et particulièrement pour le football américain ?


J’ai découvert le football américain et la NBA via mon grand frère, de 6 ans mon ainé. C’était en 1986. J’avais alors 18 ans. Travaillant et résidant en Suisse, mon frangin avait accès à des chaines américaines. Quand je lui rendais visite, il me montrait des images des Bears et des Bulls de Chicago (et des Lakers son équipe favorite). J’ai bien accroché. Ensuite mon père s’est abonné dès 1987 à Canal Plus et, comme beaucoup, j’ai grandi avec le duo George Eddy Philippe Chatenay (et son fameux clou final dans le cercueil des Browns). Un seul match en résumé par semaine. Un seul a suffi à me faire choisir un joueur : John Elway, « The Drive » finale AFC 1987 (l’AFC est , avec la NFC, l’une des deux conférences de la NFL, ndlr).

Dès lors, j’étais d’abord fan des Broncos, des Bears et des Bulls en NBA. Étudiant, j’allais acheter tous les mardis le quotidien USA Today à la gare de Perrache à Lyon pour découvrir les résultats du week-end passé. Puis, il y eut la nouvelle chaine La 5 où j’ai vu mon premier Super Bowl (Giants vs Broncos saison 1986/87). En séjour à Londres, je m’achetais des revues spécialisées sur le foot US. Puis en 1990 à New York, j’allais voir les matchs dans les bars et je me suis acheté un ballon de football. Chaque année, je regardais en direct le Super Bowl diffusé sur Canal Plus et je voyais mon joueur préféré John Elway perdre, et perdre, etc. À Denver, début septembre 1997, je suis passé en voiture devant le stade de Mile High pour l’ouverture de la saison NFL, j’ai pris quelques photos. Les Broncos venaient de changer leur logo. À la fin de la saison, ils étaient enfin champions. Comme si mon passage à Denver avait brisé le signe indien.


Comment en es-tu arrivé à écrire sur le sport US mais aussi à devenir éditeur sur le sujet ?


À l’automne 1994, je commande sur Amazon un livre américain sur les Bulls : 100 faits à savoir sur les Chicago Bulls. Le jour de sa réception, je le montre à mon ado de 15 ans, passionné de NBA. À mon grand étonnement, il me le redonne au bout de trente secondes. Très surpris, je lui demande pourquoi et il me répond : c’est en anglais, pas en français !

Sa réflexion a fait tilt. Je me suis dit, il a raison, il n’y a pas beaucoup de livres en français sur la NBA. Je regarde sur internet et cela confirme mon idée. Un temps, je pense à acheter les droits et le faire traduire. Mais trop complexe je me dis : pourquoi ne pas écrire le mien, moi fan des années Jordan. Pourtant, j’étais nul à l’école en rédaction (je tournais entre 7 et 1 dans mes meilleurs jours !). Je me suis pourtant lancé. Très laborieusement. Au début, je faisais des portraits comme à l’école. Avec le temps, cela va mieux. Mais je me vois davantage comme un rédacteur passionné que comme écrivain.

Ce qui a été très cool, c’est de contacter un photographe spécialiste de la NBA, Steve Lipofsky, qui est le seul à avoir immortalisé le panier des 63 points de Jordan en playoffs, contre les Celtics. En juin 2015, le livre paraissait. Trop ambitieux dans mon nombre d’exemplaires, il m’en reste encore la moitié. Depuis, les grandes maisons d’édition sportive ont fait un sacré boulot sur la NBA. Aujourd’hui, même si j’ai des idées, ce serait compliquer de trouver une place.

Pourquoi s’autoéditer ? Parce que je me suis dit que ce serait plus simple de le faire moi-même plutôt que d’essuyer des refus et espérer qu’un jour peut-être un éditeur se lance avec un inconnu. Surtout sur un créneau, le livre de sports, très peu vendeur.

Je me suis dit que tout mon travail, mon investissement personnel avait toutes les chances de rester à vie dans un carton. Aujourd’hui, même si économiquement, tous les titres ne fonctionnent pas, ils existent, sont présents et ont tendance à plaire une fois entre les mains des lecteurs/lectrices. Évidemment, au fond de moi, je rêve de faire un carton avec un titre, de trouver le sujet qui fera exploser CMS et me permettra de lâcher mon activité salariée. Aujourd’hui, s’il y a succès, c’est un succès d’estime.



Comment se passe la vie d’un éditeur spécialisé dans le sport US ? Comment s’organise ton activité au quotidien ?


Mon activité d’éditeur/auteur n’est pas ma principale. Je suis salarié d’une entreprise. Je me consacre donc à ma passion à mes heures perdues, sur mon temps libre, soirées, week-ends, nuits et vacances. Pas toujours facile avec la vie de famille. C’est terriblement chronophage entre l’écriture, relecture, conception graphique (sauf pour les couvertures et le dernier livre consacré aux photos, j’ai fait appel à une graphiste free-lance), les relations avec l’imprimeur, les informations à donner aux plateformes de vente en ligne. Une fois le livre paru, bonne nouvelle, il y a alors des commandes donc préparation et expédition des commandes, facturation, promotion à faire sur les réseaux et sites, gestion des stocks (vu que je limite les tirages pour éviter du surstock).

En résumé, chaque matin, je checke ma boite mail de CMS pour voir si j’ai reçu des commandes (Amazon, librairies, Decitre, Fnac, Cultura, direct via mon site). Ensuite, j’endosse mon rôle de salarié et le soir ma casquette de CMS Editions64, le bonheur. Le plus gros du travail est l’écriture. Surtout que je m’impose de faire paraitre des nouveautés plus régulièrement, pour ne pas tomber dans l’oubli. J’ai accéléré la production depuis un an : Juin 2015, janvier 2016, octobre 2017, octobre 2019, mai 2020, octobre 2020. Avant que le dernier livre ne paraisse, je suis déjà en réflexion du prochain (trouver le sujet le plus vendeur) et j’ai tendance à enchainer alors que la promo du dernier livre n’est pas complétement assurée.


Fan de longue date, as-tu l’impression que les sports américains bénéficient de plus en plus d’exposition et que cela joue sur ton activité d’éditeur ?


C’est naturellement une très bonne nouvelle, d’abord pour le fan que je suis. Dans les années 90, c’était un seul match par semaine et encore en différé. En NBA, à l’époque de Canal Plus, le premier match de la saison diffusé en direct, c’était le All-Star Game et ensuite les Finals à partir de 1991. Avant, de mémoire, ce n’était que du différé.

Très bonne nouvelle aussi pour mon activité-passion car l’auditoire est plus grand, les matchs sont davantage accessibles et donc potentiellement davantage de ventes pour « mes » livres. Pour la promo des livres, c’est indispensable et plus simple pour moi qui ne connait pas le milieu journalistique. Aujourd’hui, j’ai pu me constituer un petit réseau qui me soutient dans mon développement. Je remercie d’ailleurs particulièrement Philippe Gardent et Richard Tardits (le premier évolua en NFL Europe et en NFL avec Washington en 2006 et le second fut le premier joueur français en NFL avec les New England Patriots de 1990 à 1992, ndlr) que j’ai pu contacter via les réseaux et qui m’ont fait confiance pour préfacer certains titres sur la NFL alors que j’étais un pur inconnu. J’ai trouvé la communauté NFL très ouverte à mon travail, même s’il est loin d’être parfait mais je fais à chaque fois de mon mieux, par plaisir, par passion et par respect pour le lectorat.


Tu as écrit plusieurs livres sur la NFL qui sont de véritables encyclopédies sur le football américain. Est-ce un choix du coeur pour inonder le lecteur d’informations sur ton sport préféré ou est-ce une stratégie pour plaire au lectorat français ?


Un peu des deux sans doute. En fait, j’écris les livres que j’aimerais avoir dans ma bibliothèque. Je choisis les sujets en fonction de mes goûts personnels mais aussi maintenant, au bout de cinq ans d’expérience, en me disant quel sujet pourrait le mieux fonctionner, le plus intéresser les fans. Le fait d’avoir la double casquette éditeur/auteur m’influence aussi sur le contenu et choix des sujets. Comme je suis auto éditeur, sans distributeur classique sur la France visitant toutes les librairies de l’hexagone, les tirages de mes livres sont limités entre 150 et 500 exemplaires. Économiquement, si je veux être rentable et poursuivre mon activité, le tarif du livre doit être plutôt élevé par rapport aux prix habituels vus sur le marché, et donc je me dis que, pour ce prix « élevé », le lecteur/lectrice doit en avoir pour son argent. Je suis attaché au fabriqué en France donc avec des frais plus élevés que si je faisais imprimer 2000 exemplaires en Chine ou en Europe de l’Est, comme d’autres éditeurs.

Parfois, ce n’est pas une science exacte. Comme pour le dernier livre retraçant la saison 100 remportée par les Chiefs. De septembre 2019 à mars 2020, cet ouvrage m’a demandé une énergie et un travail de dingue. Je rédigeais semaine après semaine, en regardant un max de matchs, de résumés et en me sourçant sur le net. Je voulais absolument faire paraître le titre quelques semaines après le Super Bowl. Avec dans le coin de ma tête de reproduire ce type de rétrospective chaque saison. Malheureusement, le livre n’a pas rencontré son public comme on dit, malgré une tonne d’infos à l’intérieur et des photos couleurs inside. C’est dommage, j’aimerais créer une série récurrente mais les idées ne manquent pas. Juste le temps.


La dernière publication de Didier Angelu, pour en savoir plus : https://sports-us-editeur.com/football-americain-photos-nfl-livre/


Merci à Didier Angelu d’avoir répondu à nos questions.

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