La Grande Boucle est bouclée

Que faut-il lire pendant ce Tour de France 2018 ?

Les étoiles brilleront dimanche – Benjamin Coissard

Editions de l’Eclisse, 2018, 176 pages.

« Chez les Benoit, on est vélo. Elevé depuis son plus jeune âge dans la religion du cyclisme, Loïc essaie tant bien que mal de dissimuler cette passion qu’il aime autant qu’elle lui fait honte ». Benjamin Coissard, coureur cycliste amateur de niveau régional, réussit grâce à une description précise, savoureuse et poétique à nous plonger dans les courses du dimanche. Il décrit magnifiquement l’ambiance et les spectateurs de ces courses qui rythment et animent les villages français, loin de la médiatisation du Tour de France. C’est aussi la place du coureur amateur au sein de sa famille, et un rapport d’amour-haine pour un sport ingrat, fait de sacrifice et de privation. Loïc Benoit est sans cesse tiraillé entre la honte qu’il éprouve pour le cyclisme, et un sport qui le fait sortir d’une timidité maladive. Anonyme la semaine, héros du week-end.

Miroir du Tour – François Paoletti

Tana éditions, 2018, 216 pages

« Le sport cycliste présente un avantage sur tous les autres ou presque, il permet au profane d’exercer sur le même terrain que les idoles ». Sa beauté vient de cette simplicité : prendre son vélo pour aller sur les traces des plus grands champions. On peut refaire l’étape en espérant croiser les fantômes, imitant les forçats de la route, un rêve d’enfant. Pour François Paoletti, coureur amateur et écrivain, le rêve a commencé en 2015, lorsqu’il s’est rendu sur les traces de son idole Eddy Merckx, sillonnant les routes de neuf classiques version 1973. Le résultat est le très beau « Eddy » (Rossolis Ed, 2016). Dans ce nouveau livre, il a fait le choix de refaire dix étapes mythiques de la Grande Boucle. Ce Miroir du Tour est également un hommage au magazine du même nom, supplément du « Miroir du cyclisme » au mois de juillet dans les années 60-70. C’est aussi un miroir de mémoire, où le présent et le passé se croisent, le tour d’hier dans la France d’aujourd’hui. Grâce aux photographies incroyables de Romain Helbach, son coéquipier d’échappée, on rêve dans un paysage idéalisé, où l’on découvre notre cycliste amateur seul au milieu des grands espaces, scènes grandioses des exploits d’antan de René Vietto, Louison Bobet ou Eugène Christophe. Car oui, François Paoletti est aussi un conteur-suiveur. Kilomètres après kilomètres, il revisite les lieux et narrent toutes ces petites histoires qui mises bout à bout forment la grande histoire du Tour. Une expérience vivante, sensible et incarnée. Comme le disait le journaliste Philippe Brunel, le tour appartient à tout le monde, que chacun se l’approprie. François Paoletti le fait divinement bien.

Secrets de maillots jaunes – Sous la direction de Pierre Carrey et Luca Endrizzi

Hugo sport, 2018, 272 pages

Certains s’effondrent quand ils s’en emparent, d’autres se voient pousser des ailes. Pour la première fois, dix-huit porteurs du maillot jaune s’expriment et se confient sur les coulisses de leurs exploits et intrigues, leur gloire et leur misère. De Dominique Gaigne, qui entre dans ce cercle fermé et prisé pour une journée à Merckx pour quatre-vingt-seize jours ; tous ont connu ce jour qui a fait basculer leur vie. Passionnant et surprenant !

Raymond – Raymond Poulidor, Jeff Legrand, Christophe Girard

Mareuil Editions, 2018.

Comment devient-on un champion, un héros national, alors que rien ne nous y prédestine ? Comment un jeune paysan devient -il une icône du cyclisme mondial ? Pour la première fois, Raymond Poulidor témoigne de son parcours et ses premières courses dans un roman graphique en noir et blanc, de son enfance à la ferme, à la signature de son premier contrat pro chez Mercier. Sa trajectoire est intimement liée à celle de l’Histoire de France : sa vie à la ferme pendant le deuxième guerre mondiale, son service militaire en Allemagne, sa participation à la guerre d’Algérie. Un récit intime et touchant sur l’un des champions préférés des français.