top of page

Sélection Coupe du monde 2019 : Littérature jeunesse

Sophie Dieuaide et Fred L. Des filles dans l’équipe. Editions talents hauts, 2016.


Le règlement du championnat de football inter-écoles a changé : toute équipe doit compter au moins deux joueuses en permanence sur le terrain.

L’intrigue permet de déconstruire les stéréotypes de genre relatifs au sport masculin par excellence qu’est le football… Rien d’étonnant puisque Des filles dans l’équipe est publié par la maison d’édition Talents Hauts dont l’objectif affiché est de « bousculer les idées reçues » et plus spécifiquement dans la collection « Livres et égaux » qui propose des romans illustrés « tordant le cou aux clichés ». Le ton est léger et joyeux comme devrait l’être le jeu de football !


Ce petit roman composé de 4 chapitres est destiné aux lecteurs débutants.

Jennifer Vorms-Le Morvan et Nicolas Wild. Sunakali, la « Messi » de l’Himalaya, Editions Cépages, mai 2019.

« En 2019, la France accueille la Coupe du monde féminine de football. Ailleurs, des filles se battent pour jouer ! »

Sunakali, la « Messi » de l’Himalaya repose sur une histoire vraie, celle d’une jeune fille issue d’un petit village népalais qui intègre l’équipe nationale féminine junior de football. Or, à travers ce récit, il s’agit bien de confirmer le rôle du sport dans l’émancipation des femmes et l’accès des petites filles à l’égalité.

Sunakali vit dans un petit village de montagne, distant de trois jours de marche de la première bourgade. Avec ses amies, elle se réjouit d’avoir à garder les chèvres : la corvée, loin des adultes, se transforme en jeu lorsqu’une ONG laisse un ballon… L’occasion est toute trouvée de jouer ensemble au football, même si le relief montagnard n’offre pas le meilleur des terrains de jeu.

Du jeu au sport, il n’est qu’un pas et le transfert se fait avec l’arrivée d’un coach à la recherche de joueuses. Ce dernier amène avec lui la rigueur de l’entraînement et l’équipement sportif : crampons, protège-tibias, shorts et maillots de foot… La tenue traditionnelle est remisée au placard ! Le dessin traduit l’intensité de l’entrainement avec quelles gouttes de transpiration. Quant à l’écriture, elle détaille les séances (courses, sauts d’obstacles, flexions, roulades, frappes…) pour souligner l’investissement physique des joueuses.

Mais avant d’espérer constituer une équipe, l’entraineur doit faire face aux résistances des familles, qui reposent essentiellement sur une perception traditionnelle du rôle des filles, voire sur la superstition :

« Dans 2 ans, nous marierions notre fille, elle doit savoir cuisiner, faire le ménage et élever ses enfants ».

« Le mauvais œil frappera toute notre famille si ma fille joue au ballon ».


L’entraineur trouve un soutien dans le chef de village, et l’équipe des filles part à l’assaut de Humla puis de Katmandou… L’aventure conduira même Sunakali à Bilbao !

Nous avons apprécié que la parole de Sunakali ouvre et clôture le récit, une façon de montrer qu’il s’agit bien pour les auteurs de porter sa propre voix. Ils se font les passeurs de la parole d’une petite fille de l’Himalaya qui a cru en ses rêves et a accédé à l’émancipation par le sport : « mes parents ne parlent plus de me marier et quand je leur dis que je voudrais être footballeuse professionnelle, ils me soutiennent ».

L’album est un grand format (24 X 32 cm) d’une très belle facture. J’avais découvert et apprécié le trait de Nicolas Wild avec Ainsi se tut Zarathoustra et je n’ai ici pas été déçue… Les dessins, pleine page, sont riches et demandent eux aussi à être lus, tant ils nous racontent l’histoire. Quant à Jennifer Vorms-Le Morvan, elle est partie à la rencontre de Sunakali au Népal : la démarche, en soi, montre le sérieux du projet.

Enfin, et c’est suffisamment rare pour être remarqué, l’album est imprimé en France…

A lire et à offrir sans hésitation !!! Et pour prolonger l’aventure, deux films :

[if !supportLists]- [endif]« Sunakali, Teenage girl’s journey to glory », documentaire de Bhojraj Bhat

[if !supportLists]- [endif]Le reportage de la FIFA : « Meet the Himalayan Messi »

Dès 6 ans.

Myriam Gallot. Qui veut jouer au foot ? Editions Syros, 2019.

Ce court roman questionne la dimension genrée des jeux de cours de récréation (corde à sauter versus football) et l’occupation de l’espace qui en résulte… Pourquoi les filles ne pourraient-elles pas occuper le terrain et taper, elles aussi, dans le ballon ? A défaut de pouvoir se faire entendre, la bande des filles subtilise les ballons pour un peu de répit.

A l’inverse, certains garçons se trouvent contraints de jouer au ballon, pour assoir leur identité de genre… Le bref roman rappelle que trop souvent, le petit garçon est aussi appelé, dès la cours de récré, à faire les preuves de son identité masculine et que, dans nos sociétés, l’un des premiers marqueurs de cette identité est l’intégration des valeurs sportives… De quoi stigmatiser les moins adroits !

Pour mettre un terme au conflit, les enfants sont invités à trouver une solution par la concertation, au cours d’une séance d’éducation civique. Dommage que le jeu « ensemble » proposé par la maîtresse se solde par un jeu « contre » : les filles se constituent en équipe et s’opposent à l’équipe des garçons… La mixité n’est pas gagnée !

Première lecture : 7-8 ans

Stéphanie Richard et Gwenaëlle Doumont. J’aime PAS le foot, Editions Talents Hauts, 2015.

Ce court récit illustré en petit format (32 pages pour un format 15 x 19 cm) s’inscrit dans une plus large série (comme en écho, semblent lui répondre J’aime PAS la danse, mais aussi J’aime PAS les super-héros…). S’y trouvent dénoncés avec beaucoup d’humour les stéréotypes : on a le droit d’être un garçon et de ne pas aimer le foot ! Le problème du protagoniste, c’est qu’il fait partie d’une fratrie de passionnés du ballon rond et vit avec un papa fervent supporter…

Dès 4 ans.



Hubert Ben Kemoun et Colonel Moutarde. L’année de Clarisse. Le match filles-garçons. Rageot éditeur, 2016.


Il s’agit d’un court roman illustré qui questionne l’occupation de l’espace dans la cours de récré… et remet en cause une répartition genrée des jeux. Clarisse fait partie d’un groupe de filles intrépides qui réclament le droit de jouer au football. L’occasion est toute trouvée de mettre à mal les stéréotypes selon lesquels « une fille, ça ne sait pas jouer au foot ».

Plusieurs volumes dans la série.

Lecture destinée aux 6 – 8 ans.



Dominique Demers et Tony Ross, Mlle Charlotte, la meilleure entraîneuse de foot. Gallimard-jeunesse, Folio Cadet, Premiers Romans [2008], 2018.


Trois bonnes raisons d’offrir Mlle Charlotte, la meilleure entraîneuse de foot à un jeune lecteur ou à une jeune lectrice…


1. D’abord, parce que Dominique Demers rappelle que l’enjeu d’un match, c’est le plaisir !

Un beau match est un match où l’on s’est amusé, non pas une victoire… L’une des premières leçons de Mlle Charlotte est d’ailleurs d’apprendre à bien perdre… de quoi surprendre les jeunes joueurs.


2. Ensuite, parce que l’entraîneur… est une entraîneuse !

Mlle Charlotte est un personnage attachant, déluré et surprenant, qui fait preuve de réelles compétences techniques en matière de football. Si le statut d’entraîneur est occupé par une femme, l’autrice n’hésite pas non plus à recourir au nom féminin « entraîneuse » souvent décrié car vecteur de sous-entendus. Or, féminiser la langue, c’est aussi permettre aux enfants de comprendre que certains métiers ne sont pas exclusivement réservés à l’un ou l’autre sexe. De plus, l’équipe constituée par Mlle Charlotte est une équipe mixte, qui admet tous les corps et tous les niveaux de jeu. Puisque le beau jeu rime avec l’entraide – et non plus la victoire –, tous les personnages semblent trouver leur place sur le terrain et éprouver du plaisir ! L’un d’entre eux, maladroit notoire, est d’ailleurs surpris que « personne ne lui crie d’ordres », « ne lui lance d’injures ».


3. Enfin, parce que les dessins de Tony Ross sont réjouissants !

On connaît sans doute déjà son coup de crayon avec sa Petite Princesse adaptée en série d’animation. Sinon, il rappellera à certains lecteurs le style graphique des illustrations de Quentin Blake pour les romans de Roald Dahl.

Conseillé par l’éditeur pour des lecteurs de 8 à 10 ans.

Les aventures de Mlle Charlotte sont déclinées en 7 tomes.


Amandine Henry, Croire en ses rêves : le journal d’une championne. Rageot, 2019, 160 p.


Sous le format original d’un journal intime, Amandine Henry, capitaine de l’Equipe de France, raconte ses rêves de petite fille et retrace la construction de sa brillante carrière, depuis son inscription en club de Lomme dans une équipe mixte à 5 ans jusqu’à ses plus belles victoires à Lyon. Timide dans la vie, elle se révèle en lionne sur le terrain ! Dès son plus jeune âge, elle est confrontée à de nombreux obstacles que connaissent bien les petites footballeuses : Sa mère l’inscrit d’abord à la gym, on lui colle l’étiquette de « garçon manqué », sa difficile intégration par les garçons, le grand club de sa région, le LOSC, n’accueille pas les filles… « Je n’aurais pas le droit de jouer juste parce que je suis une fille ? ». Grâce à son caractère, sa combativité, son talent, l’appui de sa famille, elle surmontera tous les obstacles pour devenir la grande joueuse qu’elle est aujourd’hui ! Un magnifique message d’espoir pour toutes les petites filles qui souhaitent atteindre leur rêve : devenir footballeuses !

Livre destiné au 9 ans et plus !

Geneviève Brisac, Monelle et les footballeurs, L’école des loisirs, collection Neuf, 2000.

Quand, à la rentrée scolaire, on propose à Monelle, fraîchement débarquée en classe de 6e, de lister les activités culturelles et sportives auxquelles elle souhaite s’inscrire, elle n’hésite pas un instant : elle écrit « football » pour les trois vœux.

Mais si Monelle rêve de devenir footballeuse, elle doit d’abord faire face à de nombreuses résistances : d’abord, celle de ses parents. Le constat de son père semble sans appel : « les filles ne jouent pas au foot ». La mère n’est guère plus enthousiaste face au choix de sa fille : « je ne crois pas qu’ils prennent des filles »… Dans le groupe des copines, le choix de Monelle fait carrément rire : comment une fille pourrait-elle jouer au football avec des « œdèmes » (la références à La Guerre des boutons est explicite) ? Auprès de l’institution scolaire et malgré la bienveillance de la conseillère d’éducation, Monelle est quasiment obligée de justifier son choix… Les garçons de l’équipe ne lui laissent d’abord que le poste de gardienne – à contrecœur – et l’entraîneur semble ignorer sa présence sur le terrain. Pourtant, à force de persévérance, Monelle trouve sa place et se donne les moyens de croire en son rêve.


Ce petit roman publié pour la première fois en 2000 porte le souvenir de la Coupe du Monde de 1998 et de ses champions : Zinedine Zidane, Emmanuel Petit, Thierry Henry ou encore Bixente Lizarazu…


Comme l’héroïne, les jeunes lecteurs auront peut-être l’occasion, le 7 juillet 2019, de « glapir à la lune », « CHAMPIIIIIIONNNNNES DU MOOOOOONDE » !!! Espérons, simplement que les romanciers trouveront plus souvent l’occasion de louer, dans la littérature jeunesse, de nouveaux modèles d’héroïnes, en s’inspirant des Bleues comme il l’ont fait de l’équipe « Black, Blanc, Beur » de la Coupe du monde 98.

Roman destiné à un lectorat âgé de 8 à 11 ans.

Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
bottom of page