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Du rugby en littérature jeunesse

En littérature jeunesse, le football est un thème de prédilection : il n’est que de citer les romans de Jean-Noël Blanc (90 minutes pour gagner), d’Ahmed Kalouaz (Je préfère qu’ils me croient mort), ou encore la série de Sylvain Zorzin, Jo champion de foot. Même constat dans les rayons de la bande dessinée où Louca de Bruno Dequier côtoie Foot 2 Rue de Mathieu Mariolle et Philippe Cardona et Cizo d’Aré. Autant de textes qui suscitent le plaisir de lire des plus jeunes en titillant leur passion pour le ballon rond. La liste, loin d’être exhaustive, souligne l’engouement des auteurs jeunesse pour le football.

Mais le rugby n’est pas en reste, et ce, grâce notamment à Aymeric Jeanson !


Aymeric Jeanson est l’auteur de la série Les Mômes de l’ASM (4 tomes, éditions Baribal, 2021), du roman Simon, garçon invisible (éditions Amaterra, 2021), et du documentaire jeunesse J’apprends le rugby (éditions Milan, collection « Mes Docs Sport », 2017).

Mais, il tient aussi à partager sa passion avec un lectorat adulte grâce à son ouvrage Go ! Le Rugby ! (éditions Milan, 2016).




Il existe un point commun entre bon nombre de vos publications : elles sont nombreuses à évoquer l’univers du rugby. D’où vous vient cette passion ? Que souhaitez-vous transmettre lorsque vous écrivez sur le rugby ?


Je viens d’une famille où personne ne jouait au rugby, dans une région où, avant la résurrection du Stade Français au début des années 2000, ce sport n’était pas très visible. En fait, c’est plutôt le rugby qui m’a trouvé, sans doute grâce à mon solide gabarit de deuxième ligne… J’ai commencé tard, en classe de 3e je crois. Mais cela a été un vrai coup de foudre. J’ai découvert d’un coup le jeu, la fraternité, la solidarité… Et le plaisir de plonger dans la bouillasse. Au point qu’aujourd’hui encore, à 40 ans, je continue de jouer. Jeune, j’étais très timide malgré ma grande carcasse. Et ce sport m’a fait un bien fou, il m’a permis d’assumer qui je suis. Je crois qu’on écrit à partir de l’enfant qui demeure en nous, de ses émotions, de ses émerveillements, de ses blessures aussi. Alors je n’ai pas eu de mal à inventer des histoires qui parlent de rugby. Une manière de chanter l’incroyable humanité de ce sport de combattants au grand cœur.


Pourquoi avez-vous choisi de décliner toute une série de romans spécifiquement sur le club de l’ASM ?


Entre autres racines familiales, ma grand-mère paternelle a grandi à La Sauvetat, au sud de Clermont-Ferrand. Sans y passer beaucoup de temps, j’ai toujours été fasciné par cette maison, et l’extraordinaire environnement naturel de l’Auvergne. L’ASM est donc une équipe dont je me sens naturellement proche, un peu comme un exilé auvergnat… Mais il existe une autre raison. Les rares fois où j’ai eu la chance de me rendre au stade Marcel Michelin, j’ai goûté cette indescriptible ambiance de chaudron, une ferveur autour de l’équipe qui n’existe pas en région parisienne. Une fierté, une identité profonde s’expriment lorsque l’équipe joue sur le terrain. C’est quelque chose de rare et de précieux que j’avais envie d’évoquer dans mes livres.




Savez-vous l’écho qu’ont reçu vos romans ?


Il est difficile de vous répondre vraiment car, pour les Mômes de l’ASM par exemple, nous avons travaillé en deux temps. D’abord, pour la sortie des deux premiers romans, par un crowdfunding qui a reçu un fort soutien régional. Et, dans un deuxième temps, par une diffusion nationale en librairie. Mon roman chez Amaterra, comme les livres publiés chez Milan, montrent que le sujet rugby n’intéresse naturellement pas tous les lecteurs. Mais dans les endroits où ce sport est constitutif de la culture locale, il existe une réelle demande. Naturellement, un événement planétaire comme la Coupe du monde 2023 en France sera de nature à pousser le ballon ovale sur toutes les tables de librairie. Et tant mieux pour tous les amoureux de notre sport !



Alors que la série Les Mômes de l’ASM s’adresse à un assez jeune lectorat (à partir de 9 ans), Simon, garçon invisible est destiné aux plus âgés (à partir de 12 ans, mais convient aussi aux jeunes adultes). Le texte est plus dense et tient du roman d’apprentissage… Pouvez-vous nous en dire plus sur Simon, garçon invisible ?


Ce que j’ai cherché avec ce récit, c’est de présenter le rugby d’une manière différente de ce que j’avais pu lire ailleurs. En montrant notamment qu’il avait le pouvoir d’infléchir une vie entière : ce personnage de Simon, enfant sans histoires dans une famille nombreuse dont la petite dernière souffre de problèmes de santé, est en fait harcelé à l’école. Mais il ne se sent pas le droit d’en parler à la maison pour ne pas en rajouter. Au contraire, son rêve serait de devenir invisible, pour qu’on le laisse rêver en paix… Sauf que, patatras ! Le destin va se charger de l’inscrire, bien malgré lui, au rugby. Et Simon, peu à peu, va prendre conscience qu’il n’a pas à s’excuser d’exister. Dans cette histoire, il y a certains bouts très intimes de mon propre rapport au rugby, quelques clins d’œil glanés sur les terrains dans mon expérience de joueur et surtout l’envie profonde d’embarquer le lecteur en lui murmurant à l’oreille : « Et si tu la tentais toi aussi, cette aventure incroyable ? »



Vos romans laissent une place de choix aux personnages féminins : quel bonheur de découvrir des modèles féminins actifs et combattifs, qui trouvent leur place sur les terrains de rugby, à l’exemple de Gwen (Simon, garçon invisible) ! Ce n’est pas si fréquent, surtout quand il s’agit de romans à thématique rugbystique…


Le rugby est un jeu universel. Certes, comme c’est un sport de contact, il faut doser l’engagement et créer des catégories pour ne pas mettre ceux qui jouent en danger. C’est pourquoi les matchs de haut niveau ne peuvent opposer des hommes et des femmes. Mais les qualités du rugby féminin sont éblouissantes : persévérance, intelligence, évitement… Je continue à apprendre le rugby lorsque je regarde par exemple les matchs de l’équipe de France féminine. Quelle audace, quel enthousiasme ! Je vais vous faire une confidence : peut-être que, si les personnages féminins sont si importants dans mes livres, c’est parce que j’ai moi-même épousé une ancienne joueuse de rugby…


Quels sont vos prochains projets éditoriaux ?


J’écris en ce moment une série de romans à paraître avant l’été chez Larousse, « Karasu Kids ». Cette fois-ci pas de rugby, mais des romans jeunesse dont les histoires se déroulent au Japon où un groupe d’écoliers reçoit la mission de rendormir de gigantesques animaux magiques qui provoquent des catastrophes en se réveillant… Rassurez-vous, par la suite je reviens aux fondamentaux avec une autre série de romans pour les plus jeunes à paraître chez Milan. Selon un principe très différent des Mômes, mais avec un autre grand club de rugby français : le Stade Toulousain !



Récemment, vous avez monté une maison d’édition, les éditions Baribal. Quelle est sa ligne éditoriale et quelle place entendez-vous accorder au sport dans votre catalogue ?

Baribal est une petite maison d’édition dont la mission est double : aider des professionnels à concevoir des projets éditoriaux sur-mesure pour leur propre usage, et éditer des livres pour la librairie. Le catalogue que nous développons en librairie se concentre pour le moment sur des livres pratiques, des livres de réflexion et… des romans jeunesse consacrés au sport. « Les Mômes de l’ASM », que vous connaissez, est notre première série sur le rugby. Début octobre 2022, nous publions les premiers tomes de deux nouvelles séries : « Léo, set et match » pour raconter le tennis, et « Le cercle des Mousquetaires », conçu en partenariat avec la Fédération Française d’Escrime. Comme vous le voyez, le sujet du sport et ce qu’il apporte aux enfants me tient profondément à cœur…


Propos recueillis par Julie Gaucher

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