Entretien avec Jean-Damien Lesay, co-fondateur des éditions Chistera

Pouvez-vous nous présenter votre parcours et nous expliquer ce qui vous a orienté vers l’édition de livres de sport ?

C’est la combinaison de deux passions. Depuis l’âge de 8 ans, j’ai toujours été passionné par la pratique sportive, le spectacle sportif et la lecture. Mon parcours professionnel a commencé dans un univers assez éloigné de l’édition car j’ai fait des études de droit. Il y a une vingtaine d’années, j’ai commencé à travailler dans un champ professionnel assez vaste qui pouvait recouvrir la presse, l’édition et le journalisme. En 2004, j’ai démissionné d’une grande agence à Paris où j’occupais un poste de chef de projet éditorial, et je suis devenu secrétaire de rédaction pour un magazine d’histoire qui n’a pas survécu à son premier numéro... Au chômage, j’ai décidé de me consacrer à ma passion pour le sport, en devenant journaliste sportif tout en écrivant mon premier livre, un dictionnaire intitulé « les mots du football » chez Belin (2006). Dès 2005, j’ai collaboré avec So foot puis Libération. A cette époque, j’ai été sollicité par des éditeurs pour faire des livres de sport, notamment par Calmann Lévy. Ainsi j’ en ai écrit une trentaine. En 2015, j’avais un projet d’ouvrage assez pointu sur l’organisation de l’Euro 2016, mais je n’ai pas trouvé d’éditeurs car ils pensaient que ce livre était un sujet de niche. A ce moment, j’ai pensé l'éditer moi-même. Thierry Lefevre, un passionné de littérature et de sport qui vient du monde de la finance, m’a accompagné dans ce projet. Finalement, le temps de créer notre entreprise, nous n’avons pas publié le livre sur l’Euro et nous avons commencé en 2017. Actuellement, cette activité me prend beaucoup de temps. Ce n’est pas une activité unique car je suis également éditeur pour l’Equipe, avec un magazine et un annuel sur le cyclisme.

Pouvez-vous situer les éditions Chistera dans le monde de l’édition du livre de sport aux côtés d'autres éditeurs comme Hugo Sport, Solar ou Talent Sport ?

C’est une question assez difficile car avec Chistera, nous ne nous sommes pas fixés de limites éditoriales. Nous avons commencé par des rééditions de petits bijoux oubliés de l’histoire du sport. On va continuer avec des auteurs connus qui ont déjà une reconnaissance, des spécialistes de l’histoire du sport et de la sociologie. Nous sommes aussi sollicités pour d’autres projets plus grands publics. Nous sommes partis d’une niche éditoriale que nous essayons d’élargir le plus possible. Nous n’excluons aucune piste. En revanche, nous souhaitons garder une qualité d’information, nous ne nous adressons pas uniquement au public qui voit le sport comme un loisir mais aussi au public qui va plus loin, qui s’intéresse à la dimension sociale du sport.

L’édition du livre de sport est-elle particulière ?

Elle a des particularités qui peuvent se partager avec d’autres secteurs de l’édition. Elle est particulière car nous savons que le sportif n’est pas un grand lecteur, c’est un handicap qui empêche ce secteur de l’édition d’être florissant. En revanche, il y a de la place pour une variété de titres avec un travail de qualité comme le font les éditions Salto, Solar et Marabout depuis l’arrivée de Benoit Bontout. Quand la qualité est au rendez-vous, les ventes suivent. Une autre particularité, c’est l’éclectisme des publications. On trouve des livres sur l’histoire du sport, des biographies, de la littérature jeunesse, le marché de l’événementiel (JO, Coupe du monde de foot, de rugby) ou l’éclosion d’une équipe ou d’un nouveau prodige. Pour un éditeur, Il faut être réactif et anticiper avec des programmes au minimum un an à l’avance. Dans d’autres secteurs, ce sont les éditeurs qui font la mode, en sport, c’est l’actualité sportive qui aura un impact sur les publications.

Quels sont vos nouveaux titres pour 2018 ?

En mars 2018, nous avons publié « Souvenirs des jeux de 1896 » par Pierre de Coubertin. Ce livre réunit deux textes épars qui constituent les prémices de l’aventure olympique. Le livre commence par « le manifeste olympique » de Pierre de Coubertin en 1892, jusqu’ à la tenue des jeux de 1896. Pendant les jeux olympiques d’Athènes, Pierre de Coubertin va faire des chroniques pour un journal. Il nous paraissait important de republier ces textes au moment où Paris a obtenu les jeux 2024. Avant la coupe du monde de football, nous allons publier deux livres plus grand public : Culture générale football club et la loi du milieu. En fin d’année, nous aurons trois titres, notamment sur le sport dans la grande guerre.

Avez-vous un sujet sportif que vous aimeriez éditer : un sport, un événement, une figure ?

Nous sommes au début de l’aventure, donc nous avons encore beaucoup de textes à publier ! Chaque grand événement sportif donnera l’occasion de publier de nouveaux titres tout en trouvant un angle différent à chaque fois. J’aimerais aussi publier de beaux livres, car il n’y a pas tant de titres qui allient des photographies et des textes de qualité dans l’édition sportive française.

Pour retrouver l'actualité et les livres Chistera : https://www.editions-chistera.com/

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