top of page

Entretien avec Fabrice Cifré, auteur de la BD « Diagonale des fous »



La Diagonale des fous fête ses 30 ans. Pouvez-vous nous la présenter ?


Il s’agit en fait de la 27eme édition sous le nom « diagonale des fous », les 3 premières éditions s’appelaient « la marche des Cimes ».

« Le Grand Raid » également appelé « La diagonale des fous » est une course mythique de l’île de La Réunion. C’est un trail de 165 km à parcourir du sud au nord de l’ile en moins de 66 heures avec 9800m de dénivelé positif cumulé.

Cet évènement se tient chaque année au mois d’octobre et compte plus de 6000 coureurs répartis sur 4 épreuves.

Les concurrents du Grand Raid partent de St Pierre au Sud Ouest de l’île pour terminer à St Denis au Nord. Le vainqueur met entre 22 et 24h pour boucler le parcours quand la majorité des coureurs y passent 45 à 50 heures et les derniers 66.


Pourquoi avez-vous fait le choix de la bande dessinée ?


« La diagonale des fous » a inspirée beaucoup de coureurs et continue encore aujourd’hui. Il existe de nombreux ouvrages sur cette course : des livres photos, des récits de course, des conseils de préparation etc.

J’ai fait le choix d’une bande dessinée parce que cela n’existait pas et que j’avais envie de partager cette aventure au-delà des coureurs dans un format accessible à tous y compris pour les enfants. Les dessins permettent aux lecteurs de rentrer dans la course en découvrant une partie de la Réunion.


Vous avez vous-même participer plusieurs fois à cette épreuve. Que représente-t-elle pour vous ?


Pour moi cette course était « ma première fois » J. Dans les années 2000 je ne faisais que du Raid MultiSport mais le nom de « la Diagonale des fous » circulait dans le milieu. En 2006 un ami m’a invité à la Réunion alors je me suis dit « quitte à faire 11h de vol, autant y aller en octobre… »

Ça a été difficile car je n’avais aucune expérience de trail mais j’ai terminé l’épreuve (143km à l’époque) et c’est sans doute ce qui a créé ce lien particulier avec la course.



Vous dites que les encouragements du public sont tellement importants que vous avez l’impression « de participer au Tour de France » !


Effectivement ce n’est pas comme les autres ultra qui démarrent le jour J pour finir le lendemain. Les médias réunionnais commencent à parler de la course 1 mois avant le départ et continuent plusieurs jours après l’épreuve. Toute l’ile se passionne pour cet évènement.

Le départ à St Pierre commence par 8 ou10km sur route avec des spectateurs entassés sur le bord de la route en continu. C’est énorme de vivre ça ! Et cela ne s’arrête pas là. Il y a du monde sur tout le parcours, 24h/24 et même dans des endroits improbables difficilement accessibles.

Les réunionnais se posent au bord du chemin avec une glacière et applaudissent les coureurs du 1ier au dernier !




Quels sont les fondamentaux pour finir cette course ?


J’aime bien les recommandations précisées sur le site officiel du Grand Raid : « 3 joggings de 10-13 km / semaine. La distance du jogging n’est pas l’élément le plus important, vous devez surtout pouvoir (progressivement) courir 1h30 sans vous fatiguer (toujours être capable de parler). »

Ça semble hallucinant mais ça résume bien l’esprit des organisateurs : ils ne font pas une course réservée aux champions même si on ne se passionne pour la tête de course. Ils font une course pour tous les amoureux du trail.

Bien sûr si on veut faire moins de 50 heures il faut un entrainement intense mais si on veut simplement terminer la course, le principal n’est pas la vitesse : il faut travailler la gestion du sommeil, l’alimentation, les montées/descentes en escalier et le mental. Inutile de faire la VMA à moins de viser le top 100 J


C’est un mythe qui fait rêver beaucoup de coureurs. Qu’elle est la principale difficulté ?


La réponse n’est pas universelle, nous avons tous des forces et faiblesses différentes. Pour moi la principale difficulté est le sommeil car j’ai besoin de 8h par nuit… Pour d’autres c’est les montées ou les descentes... Le parcours est très technique avec des blocs de pierres et des marches qui sollicitent beaucoup les genoux et quadriceps. L’alimentation/troubles digestifs est aussi un facteur compliqué à gérer.


Tout au long de votre album, on voit une solidarité entre les coureurs mais aussi grâce à l’association « Réunion aventures Joëlettes » qui aide les personnes handicapées à participer à l’épreuve.


Chaque année une association participe à l’épreuve avec des Joelettes. En 2018 ils venaient de métropole. C’est encore une autre dimension car le terrain ne permet pas souvent de poser la roue. Ces coureurs sont de vrais héros, ils vont au-delà de leurs forces pour offrir du bonheur à des personnes malades.


Afin d’éviter une sensation de vide à l’arrivée, les coureurs pensent-ils à la prochaine course ?


Il y a un gros coup de blues à l’arrivée car on se prépare depuis des mois, on fait la course et tout s’arrête brutalement après la remise des prix et le feu d’artifice de clôture.

La plupart des coureurs s’accordent un peu de repos et se conditionnent effectivement pour le prochain objectif…


Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
bottom of page