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Quand Dieu boxait en amateur

René Boley a passé sa vie à Besançon, dans un quartier près de l’hôpital où il y grandit, se maria et procréa. Une vie de forgeron « entre l’enclume, la boxe et l’opérette. Et le théâtre par-dessus tout ». Dans une France rurale aujourd’hui oubliée, sa jeunesse est un tête à tête avec le petit Larousse illustré, loin des habitudes de la famille. Les livres « ça vous zigouille les méninges et que ça abîme les yeux : les histoires inventées, elle les nomme des romances de gonzesse ». Par peur d’en faire un efféminé, sa mère l’inscrit à la boxe pour qu’il devienne un homme. Il deviendra champion de France des poids moyens dans un combat transformé en odyssée. Avec ce titre, il a montré que l’on pouvait plier le destin, être au-dessus de sa misère financière ou littéraire, maternelle ou orpheline, avoir la foi dans ce que l’on fait. Dans une France qui aime la boxe, René le forgeron, est une vedette locale. Les hommes l’admirent, les femmes se rêvent en maitresse.

L’histoire de René est aussi celle d’une amitié solide avec Pierrot, que les lettres nouent. Loin des rings et des femmes, Pierrot se tourne vers des écritures plus saintes et devient abbé. Au séminaire, il prend la charge du théâtre et de sa troupe. En passionné de Shakespeare, il veut réaliser un grand spectacle, bousculer les traditions des représentations paroissiales si ennuyantes. Pour son adaptation de La passion de notre Seigneur Jésus-Christ, il décide de choisir René le boxeur, le roi des corps et des cœurs, dans le rôle de Jésus, passant de la couronne nationale à la couronne d’épines. Pour René, c’est un nouveau défi. Loin d’être un comédien chevronné, sa force de travail lui permettra de transmettre de l’émotion, d’aborder le rôle comme un combat, de boxer intérieurement pour sublimer le combat que mène Jésus. « Il avait été le roi sur un ring, Jésus sur scène, Zeus dans une forge, il était monté bien trop haut pour se permettre de descendre comme un simple mortel jusqu’au niveau d’un bar, ou pire, d’un caniveau ». Guy Boley rend un hommage bouleversant à son père aujourd’hui disparu, par l’intermédiaire d’une littérature qui effrayait sa grand-mère, arrachant au « Petit Larousse des mots d’or […] pour le glorifier. Le déifier ».

Ce roman a obtenu le Grand Prix Sport et Littérature 2018 de l’association des écrivains sportifs.

Pour en savoir plus :Guy Boley. Quand Dieu boxait en amateur, Grasset, 2018.

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