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Sport & cinéma : Dans "l'Envolée", la jeunesse perdue retrouve des couleurs

Premier film de la réalisatrice écossaise Eva Riley, « L’Envolée » est une bouffée d’air frais en ce début d’été. Avec la fin du confinement, le retour du soleil, et la réouverture des cinémas, je ne saurais que vous le conseiller.


"L'Envolée", c'est l’histoire de Leigh, une jeune gymnaste britannique anglaise de 14 ans qui vit à Brighton, dans le Sussex. Leigh cohabite avec son père lorsqu’elle voit débarquer, du jour au lendemain, le demi-frère dont elle ignorait l’existence. L’arrivée de Joe va bousculer la vie d'une adolescente livrée à elle-même...et la faire grandir.

Talentueuse, Leigh se prépare pour sa première grosse compétition de gym, sous les yeux bienveillants de sa coach, Gemma. On suit ses entraînements, on découvre qu’elle travaille d’arrache-pied une routine pour une prochaine grosse compétition. Oui mais voilà, l’attention que lui accorde Gemma ne plaît pas à tous, surtout pas à ses camarades de club, qui charrient l’odeur du justaucorps de Leigh et la bienveillance dont la coach fait preuve à son égard.


Leigh, adepte comme ses contemporaines de musique pop et de selfies, a vécu une souffrance il y a quelques mois. Depuis, son père, quadra paumé, passe son temps entre son job de vendeur et l’appart de sa nouvelle compagne. Le paternel semble plus faire preuve d'indifférence que de soutien envers sa progéniture.


L'ado se jette à corps perdu dans sa passion, scrute chaque détail de sa routine, s’entraîne dans son salon, répète sa gestuelle, de jour et même de nuit. Sa coach, qui ne la lâche pas du regard sur les tapis, est son point de repère, mais un blocage mental l'empêche toujours d'aller au bout de son enchaînement.


Et puis, Joe, le frère caché, arrive. De gamine solitaire en justaucorps, Leigh se muera en exploratrice du danger aux côtés d’un nouveau frangin à l'apparence de voyou des campagnes mais qui lui veut quand même du bien. Joe l’embarquera dans le monde des motos pétaradantes, des vols et de l’argent facile, des soirées, et les deux se lieront, puisqu’ils partagent une douleur commune, celle de l’absence affective. C’est Joe qui deviendra le miroir de Leigh. Il remarquera son talent, sur des tapis de gym comme sur une moto. Elle cherchera à l’impressionner, à le captiver, par un backflip, et elle ira parfois jusqu’à perdre la tête, jusqu’à jouer avec le feu...mais jusqu'où ira t-elle ?


Dans l'Envolée, la gymnastique n'est pas qu’un prétexte, le sport apporte de la vivacité à l'intrigue et la réalisatrice l'a largement étudié pour son film. "J’ai visité de nombreux clubs de gymnastique, assisté à beaucoup de compétitions" raconte Eva Riley. "J’ai discuté avec des dizaines de jeunes gymnastes de leur relation à leur sport." La réalisatrice a même été jusqu'à choisir une athlète pour le rôle principal. L'intrigue rappelle Billy Elliot de Stephen Daldry, un autre film social britannique au carrefour de l’épanouissement par le corps et de la quête d'identité de la jeunesse anglaise.


Quant au personnage de Leigh et à l’actrice non-professionnelle qui l’interprète, Frankie Box, les deux sont lumineux, solaires. Les yeux verts de la jeune gymnaste, sa longue chevelure brune aux reflets dorés et son précieux justaucorps turquoise donnent de la couleur à la grisaille de la campagne britannique et à ses murs de briques. Sa mine boudeuse vous captivera autant que le sourire qui finira, petit à petit, par réapparaître sur son visage, comme par magie…




Eva Riley, réal. L’Envolée. Arizona Distribution, 2020. 1h23min.

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