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Alice Milliat, porte-drapeau des sportives

Elle méritait bien d’avoir sa propre bande dessinée… Sorti le 11 février 2022, le docu-BD « Alice Milliat, pionnière Olympique » rend hommage à cette grande dame du sport qui a milité dans les années 20 pour la reconnaissance des sportives. Illustré par Chandre et Marie Millotte, ce livre est d’actualité puisque ces derniers mois, le sport redore enfin le blason de cette Nantaise dont le nom a longtemps été effacé des livres de l’Histoire du Sport.


Composée de 10 chapitres, la bande dessinée parue aux éditions Petit à Petit suit la lutte de la dirigeante, d’avril 1918 jusqu’en août 1934. pour permettre aux femmes de participer aux Jeux Olympiques, bien loin d’être un objectif aisé à l’époque. Le dernier volet est consacré à la réhabilitation récente de la militante Nantaise : une statue érigée en son honneur en mars 2021 au Comité National Olympique et Sportif Français, différents stades à son nom, une fondation éponyme pour la promotion du sport au féminin… Alice Milliat récupère enfin ses lettres de noblesse.


Nageuse et rameuse émérite, Alice Milliat est aussi une militante hors pair, puisqu’elle réussit à monter dans les années 20 des Jeux Mondiaux féminins qui attireront des milliers de spectateurs, au nez et à la barbe de Pierre de Coubertin. Le grand dirigeant, créateurs des Jeux modernes, s’opposait fermement à la présence de sportives aux Jeux. Le CIO voyait en effet l’oeuvre d’Alice Milliat comme une menace et c’est grâce au succès de ses Jeux féminins qu’Alice Milliat convaincra le mouvement olympique d’intégrer petit à petit des épreuves dédiées aux sportives. Aux Jeux d’Amsterdam, après un intense lobbying de la dirigeante, les femmes pourront participer au programme d’athlétisme… 30 ans après la première Olympiade. Oui, il était temps !




Dans chaque chapitre, on découvre ainsi comment Alice Milliat est parvenue à l’arrivée pleine des femmes aux Jeux, année par année, sur les stades et en coulisses. On salue la bonne idée du scénariste Didier Quella-Guyot d’avoir incorporé dans la bande dessinée le personnage de Tristan Duchesne. Ce journaliste au quotidien L’Auto, qui suit la militante dans ses combats : son regard et ses discussions avec Alice Milliat contextualisent avec pertinence les obstacles vécus par les sportives à l’époque.


Chaque volet est entrecoupé d’un rappel historique d’une double page. L’intérêt ? Nous en apprendre un peu plus sur les luttes par lesquelles les femmes ont du passer au 20e siècle pour être admises dans les stades. On aurait aimé que la dernière double page historique, en fin d’ouvrage, développe davantage l’héritage de la Nantaise, morte dans l’anonymat en 1957. Mais dans son ensemble, « Alice Milliat, pionnière olympique » est une très belle et passionnante bande dessinée, qui a le mérite de restituer de façon didactique et attrayante l’histoire de cette dirigeante hors pair. Documenté par Laurent Lessous, ce livre plaira à tous les amoureux de sport, petits et grands.


Aujourd’hui encore, beaucoup de sportives et de sportifs ne connaissent pas le nom d’Alice Milliat, et il serait tort de leur en vouloir tant son action a été dénigrée et invisibilisée par le mouvement olympique. Mais si les Jeux Olympiques peuvent se vanter d’atteindre la parité en 2024, le monde sportif peut remercier cette brillante dirigeante d’avoir impulsé l’accès des femmes aux terrains de sport et cette bande dessinée contribue avec brio à sa réhabilitation.



« Alice Milliat, Pionnière Olympique », éditions Petit à Petit, 2022.


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Assia Hamdi


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