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Au festival d’Avignon, théâtre rime avec sport

Grande messe annuelle des amateurs de théâtre, le festival d’Avignon (7-29 juillet) affiche des statistiques effarantes : 1491 spectacles joués dans 141 lieux différents. De quoi donner au public le tournis au moment de choisir. Alors pour tenter d’y voir plus clair dans les 484 pages du programme, je vous propose une sélection de spectacles portant sur la thématique du sport, empruntant à ses esthétiques, ses univers, ses récits. Des mythes antiques revisités façon foot américain aux Jeux Olympiques de Paris 2024 en passant par le geste artistique et sportif de la danse, il y en aura pour tout le monde et pour tous les goûts.




Parce que les Jeux de Paris sont dans un an...

Portée par le ministère de la Culture associé aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l’Olympiade Culturelle est un programme artistique et culturel pluridisciplinaire ayant pour objectif de construire du lien entre l’univers sportif et olympique et différentes pratiques artistiques allant des arts numériques à la bande-dessinée en passant bien évidemment par le spectacle vivant. Avignon sera cette année le terrain de jeu des artistes de la planche puisque trois spectacles labellisés Olympiade Culturelle seront à l’honneur. Dans un spectacle historique et féministe, le conteur Robin Recours nous amène aux origines des “jeux sportifs” de l’Antiquité. A travers le récit mythologique d’Atalante et l’authentique histoire de Kyniska, il rend hommage aux Déesses du Stade. S’inscrivant dans le projet d’inclusion des JOP de Paris 2024, ce seul en scène sportif fait la part belle aux premières héroïnes sportives de l’Histoire.

Les Déesses du Stade, 1h10, de Robin Recours, Théâtre de la Carreterie, du 7 au

29 juillet (les jours impairs) à 14h25


Toujours historique mais dans un autre registre, Thierry Falvisaner nous raconte l’histoire d’Abebe Bikila, premier champion olympique noir africain de l’histoire. Vainqueur du marathon des Jeux de Rome 1960 qu’il court pied nus, Bikila est devenu une légende en Afrique. Mêlant danse, musique et théâtre,Vaincre à Rome, adaptation du roman éponyme de Sylvain Coher, nous plonge dans l’histoire de “l’Homme-Panthère capable de courir du coucher au lever du soleil.”

Vaincre à Rome, 1h55, de Thierry Falvisaner, La Manufacture (Château de

Saint-Chamand), du 7 au 24 juillet à 17h30


Enfin les enfants pourront participer à la quête desCinq Anneaux Perdus en aidant Charlie, Camille et Pierrot (de Coubertin) à sauver l’idéal olympique lors d’une aventure tout autour du monde. Parcourant la savane pourchassés par un phacochère, plongeant dans la mer de Corail avec les raies manta, déjouant les pièges des ninjas, ils vont découvrir que le sport se pratique aussi en fauteuil roulant.

Les Cinq Anneaux Perdus, 55 minutes, de Marc Wolters, Théâtre Buffon/

Quartier Luna, du 8 au 28 juillet (les jours pairs) à 16h30





Parce que la Coupe du Monde de rugby arrive en France très bientôt…

Un classique du festival OFF. Créé en 2015, Au-dessus de la Mêlée revient pour la cinquième fois sur les planches d’Avignon. C’est à travers l’histoire d’une finale de championnat de France de rugby que Cédric Chapuis met un coup de projecteur sur ce sport hors-norme rempli de valeurs humaines et d’émotions fortes. Loin d’un récit porté par un regard sur le professionnalisme, ce seul en scène humoristique nous renvoie à un rugby local, rural, le “rugby de clocher” comme on dit dans le jargon, celui qui fait vibrer tout un territoire, tout un village. De quoi se mettre l’eau à la bouche avant la grande messe du rugby mondial en septembre dans l’Hexagone.

Au-dessus de la Mêlée, 1h20, de Cédric Chapuis, Théâtre des Lucioles, du 8 au 28 juillet (les jours pairs) à 17h25


Parce que le football est le sport universel par excellence…

Né en 98 le jour où la France est championne du monde Diego, nommé ainsi en hommage au grand Maradona, voit sa vie liée à jamais au football. Malgré un père fervent supporter qui l’amène dans les stades et aux entraînements, Diego est inlassablement poussé vers le banc de touche. Une question le hante : est-il condamné à devenir un spectateur professionnel ? Au-delà de l’aspect sportif de la pièce, Diego est aussi le récit humain d’un jeune garçon sur lequel plane tout au long de son existence le spectre du football, de son milieu social, de son enfance, de son père. Une intense performance théâtrale et sportive.

Diego, 1h10, de Barthélémy Fortier, Hugo Randrianatovina et Alexandre Cordier, Avignon- Reine Blanche, du 7 au 25 juillet à 16h45


Parce que c’est le sport préféré des artistes…

Au cinéma, Clint Eastwood s’en est emparé et Sylvester Stallone en a fait une légende; en danse, Mourad Merzouki nous a offert un spectacle époustouflant plein de grâce et d’ingéniosité; en bande-dessinée, Enki Bilal l’a transformée et en a fait une nouvelle discipline. Nous parlons ici de boxe, discipline multi-traitée artistiquement parlant et qui avec L’Odeur de la Guerre n’échappe pas à sa transposition théâtrale. Alors que Jeanne se prépare à monter sur le ring pour la première fois, dans le vestiaire remontent les effluves de son enfance dans le sud : le chant des cigales s’entrechoque avec la voix de sa mère qui ne parle qu’au chien, de son père qui aurait préféré avoir un fils, et de Francesco, son coach pour qui, dans la vie, il n’y a que la sueur et la confiance en soi qui paient. Comédienne, auteure et boxeuse, Julie Duval nous livre un seule-en-scène bouleversant, une traversée dans le monde sans pitié des sentiments mal exprimés, des révoltes mal comprises et des agressions physiques dites accidentelles.

L’Odeur de la Guerre, 1h15, de Julie Duval, La Scala Provence, du 7 au 29 juillet à 14h


Pour les danseurs…


Le Tir Sacré_Marine Colard_03 © Anthony Devaux


La danse, pratique hybride par excellence, à la croisée de l’art et du sport, sera également bien présente au festival d’Avignon entre regard critique et célébration. Empruntant à l’imaginaire et à l’esthétique sportive, Le Tir Sacré de Marine Colard est une performance théâtrale et chorégraphique qui explore les liens entre le geste et le commentaire sportif : Quelle relation entre la posture d’excellence et de performance de l’athlète, et l’aspect parfois dramatique et exubérant du commentaire du journaliste ? C’est en déconstruisant les lignes du corps et en décontextualisant les mots sur scène que Marine Colard et Esse Vanderbruggen tentent de porter un regard critique sur le sport de haut niveau et cette obsession du “toujours plus” : toujours plus de performance, toujours plus d’émotions, mais à quel prix ?

Le Tir Sacré, 50 minutes, de Marine Colard, Théâtre du Train Bleu, le 20 juillet à 21h


Côté célébration, le Pockemon Crew se propose de relater l’histoire du hip-hop sur scène à l’occasion de l’arrivée du breakdance aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Après 23 ans de pratiques artistiques, de la rue au théâtre, les danseurs de la compagnie retracent les grands moments de ce mouvement culturel apparu aux Etats-Unis au début des années 70. De la Rue aux Jeux Olympiques raconte l’épopée d’une culture qui mélange les styles, forme et transforme les danses et prône des valeurs essentielles et universelles : respect, persévérance, dépassement de soi et ouverture d’esprit.

De la Rue aux Jeux Olympiques, 40 minutes, de la Cie Pockemon Crew, Présence Pasteur, du 7 au 28 juillet à 11h11



Il ne faut pas le rater…

Une association d’idées surprenantes, une affiche et un titre qui ont directement retenu mon attention. Un fond rouge, deux casques de football américain, un blanc, l’autre noir, face à face, et au-dessus un intitulé, mythique dans tous les sens du terme : L’Iliade. Et si la guerre de Troie était un match ? C’est la proposition que nous fait Thai-Son Richardier en transposant l’épopée mythologique d’Homère dans l’univers sportif, un choix qui paraît évident tant les sportifs professionnels devenus superstars et glorifiés nous apparaissent comme les héros mythologiques d’aujourd’hui, dignes héritiers des Achille et Ulysse d’un autre temps. Dans L’Iliade, deux équipes, Achéens et Troyens, s’affrontent à mort sur le terrain depuis 10 ans. Depuis l’Olympe, les dieux sont des financeurs sportifs cyniques prêts à tout pour faire gagner leur camp. Les commentateurs rapportent avec passion les batailles, la mascotte prend la parole pour aider les spectateurs à s’y retrouver et Hélène interroge sa condition de femme. A la fois tragique et drôle, cette adaptation porte aussi un regard sur la réalité financière et médiatique du sport actuel. Et quoi de plus logique qu’un sport aussi violent, parfois meurtrier comme le football américain pour raconter une lutte à mort comme celle de la guerre de Troie. Le parallèle entre l’armure des soldats mythologiques et la tenue des combattants modernes de football américain paraît tout aussi évident, rien ne semble laissé au hasard dans ce spectacle original et prometteur, mon immanquable pour Avignon 2023.

L’Iliade, 1h25, de Thai-Son Richardier, La Factory (salle Tomasi), du 7 au 29 juillet à 17h30



A retrouver également :

BasketBall Man Can Fly, The Garage International, du 14 au 25 juillet à 10h30 & 11h40, 0h50

L’Exercice du super héros, La Factory (salle Tomasi), du 7 au 29 juillet à 12h35, 1h20

Boxing Shadows, Théâtre des Vents, du 7 au 29 juillet à 12h50, 1h05

Vole Eddie, vole !, Théâtre des Gémeaux, du 7 au 29 juillet à 13h35, 1h20 Louison, L’Adresse, du 7 au 13 juillet à 14h05, 1h

Tu seras un homme papa, La Luna (quartier Luna), du 7 au 29 juillet à 18h50, 0h55

Marie Marvingt corps et âme, Les Étoiles, du 7 au 29 juillet à 20h, 1h05

Libre Arbitre, Festival Contre-Courant, le 18 juillet à 22h, 1h40



Tom Brian

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