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Dribble assassin, un polar en pleine coupe du monde 1998

La commissaire Clémentine Paccini est de retour. Cela signifie que Gilles Del Pappas et Emmanuel Petit ont remis ça. L’écrivain marseillais et le célèbre footballeur champion du monde (1998) et d’Europe (2000) forment depuis deux romans une belle équipe.


Après Dernier tacle paru en 2019, leur deuxième polar écrit à quatre mains, Dribble assassin, est sorti en 2021. Vous allez me dire que c’était déjà l’année dernière. Mais les bons romans, c’est comme les bons vins, c’est meilleur avec le temps, non ? Avec la Coupe du monde qui approche, il sera dans l’actualité et puis disons que c’est une session de rattrapage. Vous avez pu remarquer que les écrits sur le sport sont de plus en plus nombreux et passionnants.



Revenons à nos ballons. Dans le premier roman, Clémentine Paccini, commissaire installée au 36 quai des Orfèvres à Paris, venait à Marseille pour enquêter à la suite du meurtre de l’entraîneur de l’O.M. Le romancier Gilles Del Pappas, originaire d’un quartier populaire de Marseille, connait cette ville comme sa poche et s’est fait un malin plaisir d’emmener cette commissaire parisienne, sympathique et têtue, gastronome et indépendante, à la découverte de sa ville, de ses us et coutumes et de ses spécialités culinaires. Ce premier meurtre suivi de plusieurs autres à la Commanderie, le centre d’entrainement du club, entraînait Clémentine au centre d’une affaire impliquant la FIFA. Car si Emmanuel Petit, l’ancien joueur, a eu envie de passer au roman policier, c’est qu’il pouvait alors, sous la protection de la fiction, évoquer et dénoncer certaines choses, notamment autour de cette instance internationale, sans risque de poursuites judiciaires.

Dans ce nouveau roman, Dribble assassin, Clémentine Paccini n’est plus sur le terrain de Gilles à Marseille mais sur celui d’Emmanuel, à Clairefontaine, en pleine coupe du monde 1998. En effet, un corps est retrouvé à Tignes en novembre 1997 lors d’un stage de l’équipe de France, puis un autre après le tournoi Hassan II en mai 1998. Partout où l’équipe de France passe, un cadavre est découvert et le lien entre les victimes pourraient bien être leur appartenance de près ou de loin à la FIFA. En plus, tout porte à croire que le suspect est un des joueurs. Alors que Clémentine et Anne Legendre, médecin légiste de la cité phocéenne avec laquelle elle s’était lié d’amitié (dans Dernier Tacle) en visite à Paris, s’apprêtaient à déguster un classique marseillais revisité, les pieds paquets, le ministre des sports sonne à leur porte ! Les deux femmes sont immédiatement envoyées à Clairefontaine pour enquêter… non sans avoir invité le ministre à manger avec elles. Les pieds paquets, c’est sacré !



On est en juin 1998 et la Coupe du monde est déjà commencée. Les deux auteurs jouent évidemment avec une période que tout le monde a connue, pendant laquelle la France a vibré et avec des personnages célèbres. Tout n’est que fiction (sauf les récits des matchs) même si on sent qu’Emmanuel Petit a certainement distillé quelques anecdotes, quelques détails sur l’atmosphère et l’ambiance qui régnaient dans ce lieu tout en s’amusant à mettre en scène ses camarades de terrain (et lui) dans de drôles de situations.


Si on s’amuse beaucoup dans ce polar, le récit alterne pourtant avec la terrible histoire de l’assassin. Celui-ci entre dans l’histoire alors qu’il tue son père, forcé par les milices militaires d’appuyer sur la gâchette. Enfant soldat durant la guerre civile de Centre-Afrique, il s’en échappera ensuite pour rejoindre l’Europe. Il sera donc difficile de définir ce livre comme un simple polar de divertissement, car le récit de l’assassin fait retomber dans la réalité tragique de notre monde. Avec la Coupe du monde au Qatar et ses milliers de morts sur les chantiers des stades, la fiction s’invite dans la réalité quant elle dénonce la politique des yeux fermés de la FIFA sur certaines pratiques, les déviances de certains dirigeants, l’exploitation des êtres humains. Gilles Del Pappas et Emmanuel Petit ne pouvaient pas nous livrer un ouvrage sans y apporter un sens moral et une réflexion sur notre société.


Avec une langue chaude et généreuse, aux accents du sud, ce récit se lit d’une traite, avec un réel plaisir, le temps d’un match ! Pour faire durer le plaisir, on jouerait même les prolongations et les tirs au but si la France n’avait pas gagné 3-0. Mais ça, vous le saviez déjà, on ne vous a rien spoilé !


Julien Camy

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