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Lectures d'été 2023

Voici tous nos conseils de lecture à emporter sur la plage, au sommet d'une montagne, dans votre jardin ou sur votre balcon !


Le Nageur

Pierre Assouline, Éditions Gallimard (Collection « Blanche », 2023.

Contrairement à d'autres auteurs avant lui, Pierre Assouline n’a pas voulu associer dans son titre le personnage d'Alfred Nakache au camp de concentration où il fut détenu. Car nager, Nakache l’a fait bien avant, et il le fera encore bien après Auschwitz. Au-delà du destin tragique, de la trahison subie et des vies emportées, l’auteur retrace un parcours qu’il prend le soin de recontextualiser, en s’appuyant sur une solide documentation préalable, et d’ancrer à la fois dans la géographie, la géopolitique et l’histoire du XXe siècle, excédant ainsi largement le strict portrait sportif, genre auquel il confère un relief et une densité passionnantes. Avec ce livre, nous embarquons pour un voyage à la fois historique et géographique, et si les grandes secousses du XXe siècle n’épargnent ni le personnage principal ni le lecteur, on en ressort plus éclairé sur la chronologie et l’enchaînement des faits. Et puisque les vacances arrivent, peut-être aurez-vous envie, en refermant Le Nageur, de découvrir certains lieux que l’auteur a su évoquer avec justesse, et de partir sur les traces du « nageur absolu » (p. 239) qu’était Nakache : Constantine, la piscine de Sidi M’Cid, Toulouse, Cerbère, le Golfe du Lion et pour ultime étape le cimetière marin de Sète, en surplomb de la Méditerranée.


L’art de nager le crawl

Johnny Weissmuller, Éditions Séguier, 2023.

Les éditions Séguier se revendiquent « Éditeur de curiosités », ce que démontre bien la republication de L’Art de nager le crawl : structuré en 19 brefs chapitres, le livre de Johnny Weissmuller est à la fois un précis de natation et un témoignage historique sur la perception du corps sportif et sur son hygiène au début de la décennie 1930. Rédigé à la première personne, ce précis de style et de technique est aussi un hommage à l’entraîneur et mentor de Weissmuller, Bill (William) Bachrach à l'Illinois Athletic Club (IAC) de Chicago.

L’alternance entre des chapitres « techniques », dédiés à la posture corporelle et à la respiration et des chapitres plus personnels, dans lesquels le nageur se remémore des épisodes-charnières de sa carrière, en rend plaisante la lecture même pour les non-spécialistes de la discipline. Les lecteurs férus d’histoire trouveront eux aussi de quoi nourrir leur passion, entre extraits de presse et témoignages d’époque. Si vous voulez profiter de l’été pour découvrir les secrets de Tarzan avant qu’il ne devienne « l’homme-singe » tout en parcourant une période faste de l’histoire de la natation américaine et mondiale, n’hésitez pas à vous procurer L’Art de nager le crawl !



Des Écrivains et du sport

Julien Legalle, Editions du Volcan, 2023.

L’ouvrage de Julien Legalle vient combler un manque dans le champ éditorial : avec Des Écrivains et du sport, Julien Legalle nous livre 14 portraits d’auteurs et d’autrices qui se sont pris de passion pour le sport. L’ouvrage, passionnant et extrêmement bien documenté, met en lumière les trajectoires sportives souvent méconnues d’écrivains tels que Samuel Beckett, Vladimir Nabokov, David Foster Wallace ou encore Agatha Christie. Avec ces biographies, tout un pan de vie des auteurs, souvent méconnu, passé sous silence dans les biographies traditionnelles, se trouve donner à voir. Une autre façon de restaurer le lien entre culture et sport…




Panard n°3

Éditions de l'Attribut, 2023.

Nouveau venu dans le panorama éditorial, Panard est ce que l’on appelle un « mook » (magazine + book), autrement dit, une revue qui se lit avec un marque-page. Publié à un rythme biannuel, Panard (éditions Attribut) propose une approche culturelle du sport, plongeant dans les événements mythiques comme dans les plus anecdotiques, pénétrant dans les coulisses du sport de haut niveau comme du sport loisir. La variété des plumes est à relever : des écrivains livrent leur histoire du sport, des sportifs racontent la façon dont ils le pratiquent et le ressentent, des chercheurs analysent l’évolution de ce phénomène de société. Le numéro 3, sorti au printemps 2023, est intitulé « Le sport, c’est politique ». Il livre de très beaux articles sur des thèmes aussi variés que le cécifoot, l’esport, le podium de Mexico 68…



Hellé Nice, une vie de vitesse

Guiseppe Manunta, Editions Félès, 2023.

Avez-vous déjà entendu parler d’Hellé Nice ? Pour nous, ce fut une très belle découverte grâce à la bande dessinée de Guiseppe Manunta, Hellé Nice, une vie de vitesse (éditions Félès). Le bédéiste, dans un récit rythmé et très bien construit, nous livre la vie de Mariette Hélène Delangle plus connue sous le pseudonyme d’Hellé Nice. Muse d’un peintre parisien dans les années 1917, elle devient après-guerre danseuse de music-hall, notamment au Casino de Paris. Rapidement, Hellé Nice découvre le monde de l’automobile et se fait remarquer par ses performances en tant que pilote de Grand Prix… un monde alors fermé aux femmes. Guiseppe Manunta donne une profondeur de caractère à cette femme éprise de liberté. Quant à ses aquarelles, elles nous replongent avec nostalgie dans l’atmosphère des courses automobiles des années 30.



Tracer sa route

Juliana Buhring, Paulsen, 2023.

La vie de Juliana Buhring n’a rien d’un long fleuve tranquille : enfant, elle grandit dans la secte Les enfants de Dieu. Élevée loin de ses parents, elle est baladée dans des « centres de formation » aux quatre coins du monde. Une expérience qu’elle a racontée dans Jamais sans mes sœurs (2007). En 2010, le sort s’acharne lorsqu’elle perd l’homme qu’elle aime, dévoré par un crocodile dans une excursion en kayak, en Ouganda. Elle entre alors dans une profonde dépression…Au plus bas, une connaissance lui propose un tour du Canada à vélo pour rendre hommage à son ami. Mais elle opte pour un tour du monde, en solitaire. Après huit mois de préparation, cette jeune femme sans expérience sportive, sans assistance médicale et matériel, ni sponsors, part réaliser ce périple à vélo pour se remettre en selle. Juliana Buhring traverse quatre continents, dix-neuf pays, affronte les intempéries, les crevaisons, les chutes, les attaques d’animaux, mais rencontre aussi des moments d’humanité avec des « anges de la route ». On lui donne de l’argent pour payer un billet d’avion, on lui offre le repas, une nuit d’hôtel, une réparation. Après 152 jours et 29 069.58 km, la voici de retour à Naples sous les hourras d’un cortège de motards et de cyclistes qui la félicite. Elle vient de battre le record féminin et masculin du tour du monde à vélo ! Depuis, elle participe régulièrement à des courses d’ultracyclisme sans assistance. À travers cet exploit sportif, Juliana donne une leçon de vie, de résilience et démontre qu'elle voulait se sentir vivante.


Le prix fort

David Rochefort, En Exergue, 2023.

29 avril 1993, Allemagne. Nous sommes à quelques semaines d’une nouvelle édition de Roland-Garros et le tournoi d’Hambourg est une préparation idéale pour les joueuses. Surtout, en cas de victoire, il peut donner un avantage psychologique déterminant pour les Internationaux de France. Monica Seles, 19 ans et numéro 1 mondiale depuis deux ans, vient de remporter le grand chelem parisien trois fois de suite. La joueuse yougoslave, qui a appris à jouer sur un parking avec un filet entre deux voitures, soulève déjà de grosses attentes du public, des sponsors mais aussi des paparazzis qui n’hésitent pas à la harceler. Elle devient une bête traquée. D’autant que la presse a construit une rivalité avec l’Allemande Steffi Graf, où Monica n’a pas le beau rôle. Depuis son arrivée sur le sol allemand, elle se sent suivie.

En ce 29 avril, nous sommes à la veille d’un drame. Dans quelques heures, Monica Seles sera poignardée en plein match par Günter Parche, un déséquilibré qui voue un amour inconsidéré pour Steffi Graf. Heureusement au moment où il lui plante son couteau dans le dos, Monica Seles se baisse pour relacer une chaussure, ce qui lui évitera la mort… David Rochefort montre jusqu’où un fan peut aller pour son idole en se plaçant tour à tour dans la tête des deux protagonistes. « Raconter l’histoire d’un individu qui s’est pris de passion pour ses rêves et qui a laissé les fables qu’il avait inventées dévorer sa vie - puis dévorer celle des autres ». Malgré la préméditation, Parche n’ira jamais en prison car il a été diagnostiqué « déficient mental ». Quant à Monica Seles, elle ne regagnera qu’un seul tournoi du Grand chelem après cette agression. Parche a obtenu ce qu’il voulait : Graf est redevenu numéro un mondiale suite à ce tragique événement.

https://www.en-exergue.fr/le-prix-fort/



Les forcés de la route

Étienne Bonamy, En exergue, 2023.

Du 28 septembre au 4 octobre 1942, le Circuit de France est organisé par l'occupant allemand, bien aidés par les collabos français. Si vous n'avez jamais entendu parler de cette épreuve, il s'agit d'un erzatz du Tour de France cycliste, en sommeil dès 1940, qui ne connaitra qu'une seule édition. 72 coureurs français, belges et italiens partent dans cette galère : 1 650 kilomètres en six étapes, un circuit conçu à la hâte et couru de Paris à Paris en une semaine, à travers une France fendue par la ligne de démarcation. Mais ce tour qui doit montrer la grandeur de la France sous l'occupation tourne à la farce ; tout y est presque improvisé - notamment le parcours - et l’on manque de tout. Au milieu de l'épreuve, le maillot distinctif zébré a disparu, les coureurs logent dans des lieux précaires, ils manquent de vélos, de boyaux, d’assistance. Ainsi, ils ne sont plus que 27 à franchir la ligne d'arrivée au Parc des princes.

Étape après étape, à travers ce passionnant roman, Étienne Bonany redonne vie aux coureurs et suiveurs, devenus malgré eux les hérauts d’un épisode méconnu du sport français, aussitôt oublié.




Le sport des solutions

de David Blough, Rue de l’échiquier, 2023.

Après la réussite de Sportwashing: Que sont devenues les valeurs du sport ? (Rue de l’Echiquier, 2020), qui déconstruisait et démythifiait le sport pour qu’il prenne enfin la mesure de son potentiel social, David Blough revient avec Le sport des solutions. L’Ex-directeur de l’ONG PLAY international, pionnière en innovation sociale, nous propose un tour du globe en neuf reportages qui valorise la capacité du sport à devenir un laboratoire d’inventivité et de solidarité. Ici la pratique sportive change de nombreuses vies comme celles de ces jeunes afghanes ou iraniennes réfugiées en Allemagne qui apprennent le vélo, découvrent la mobilité, et pédalent vers l’émancipation. Loin du haut niveau et du business, un magnifique plaidoyer en faveur du sport et de ce qu’il peut produire des bénéfices aux plus démunis, de créer des ponts entre communautés divisés, une égalité des genres, la prévention des violences faites aux femmes, un retour à l’école, à l’éducation, à l’émancipation, à un peu plus de liberté. Pour conclure, l’auteur nous donne même les recettes pour bien réussir son projet. Un partage d’expériences salutaire !


Le roi et moi

Claude Boli, Hugo sport, 2023.

Ce livre n’est pas une biographie classique sur Éric Cantona mais plutôt un livre sur une relation amicale entre le King et un jeune chercheur en histoire sociale. Claude et Éric sont amis depuis l’adolescence grâce à l’intégration de Basile et Roger, les frères de Claude, en 1982 au centre de formation de l’AJ Auxerre. Les deux sont inséparables, ils partagent un appartement à Auxerre avec l’accord indispensable Guy Roux. Ils ont les mêmes goûts musicaux pour le rock et la pop anglaise, un intérêt pour le Brésil et Cruyff. Alors que leur chemin se sépare pour un nouveau club ou une inscription à l’université, un heureux hasard va les réunir. La compagne et future femme de Claude part à Manchester en 1993 pour ses recherches sur le textile. Là-bas, il retrouve Éric the King, joueur mythique des reds devils, et Claude entame sa thèse sur l’histoire sociale de Manchester. « Avec Éric, je trouve un complice, un acteur du présent pour explorer le passé. Le matin, j’étais au XIXe siècle, et l’après-midi j’étais au XXe siècle et je voyais le présent en train de se faire. »

Ce livre est un témoignage précieux, car il arrive avec brio à mêler la carrière d’un athlète de génie, en étant au plus près de lui pendant cette période, en analysant son impact sur l’évolution sociologique et économique d’une ville et d’un club qui en partie grâce à lui va entrer dans une dimension internationale. Il montre aussi l’évolution de la vie d’une star du foot dans les années 90, bien loin des standards d’aujourd’hui. De nos jours, il serait difficilement envisageable qu’un joueur de son statut puisse errer avec son meilleur pote dans le centre-ville de son club, dans un parc, un bar, au restau universitaire au milieu des étudiants ! Nous savions que Cantona était un ovni sur le terrain mais nous ignorions qu’Éric était un mec simple et normal en dehors du rectangle vert.


La ride

Simon Boileau et Florent Pierre, Dargaud, 2023.

Une « ride » est une virée à vélo. Une « vélofiction » (autofiction et vélo) pour les auteurs Simon Boileau et Florent Pierre. Ces deux amis, lassés par la folie de la vie parisienne et leur métier, décident du jour au lendemain de changer d’air et de retrouver le calme des petits patelins de leur enfance ! De quitter une vie folle pour en retrouver une autre à taille humaine. Car la route est propice aux rencontres improbables, aux coups de mains d’un inconnu, à l’entraide. Et nos deux pieds nickelés qui enchaînent les galères, de Paris à la Bourgogne, le tout en 5 jours, - vont en avoir besoin. On les retrouve perdu à devoir traverser le périph ou une piste d’atterrissage pour retrouver le chemin, à crever, à avoir les guiboles en compote suite à une course avec un groupe de cyclistes, à esquiver les plombs d’une partie de chasse, à subir la météo capricieuse… Bref, chaque épisode est drôle et savoureux…à leur dépend ! « On ne fait pas un voyage, c'est le voyage qui nous fait », comme l'a écrit Nicolas Bouvier. Avec eux, c’est un voyage en vélo façon buddy movie - film de copains - sur les routes départementales, où l’on se perd pour vivre une nouvelle aventure, c'est aussi une manière d'aborder le territoire différemment, et de se retrouver un peu au bout du chemin ! Cet album propose de faire un pas de côté et de nous questionner sur les limites de notre quotidien, vivre une vie à 100% mais sans réel sens. Lauréate du prix BD numérique du festival d’Angoulême en 2020, cette belle histoire prend enfin la forme d’un album. Le scénario est accrocheur, l’humour bien présent et les aplats de couleurs aussi agréables qu’un tableau de David Hokney. Vous ne resterez pas insensibles face à cette ode à la liberté.



Deep 3

Mitsuhiro Mizuno et Ryôsuke Tobimatsu, Éditions Mangetsu, 2023. (Série en cours)

Depuis son plus jeune âge, Damian Kawai, élève de seconde du lycée Kirikami, consacre sa vie au basket avec le rêve d’intégrer un jour la prestigieuse NBO (équivalent de la NBA). Mais lors de la finale du championnat inter-lycée, son ascension est stoppée nette par la rupture de son tendon d’Achille. Deux ans plus tard, le voici de retour, mais les séquelles de sa blessure sont toujours présentes car elle a déclenché un yips, ce trouble moteur paralysant qui touche bons nombres de golfeurs ou joueurs de baseball, l’empêche de marquer les paniers lorsqu’il s’approche trop près de l’arceau. Lors du tournoi national, malgré la défaite, Damian est repéré par un recruteur américain qui l’envoie à l’université de Central Valley pour jouer en D1 avec les Bulldogs. C’est la dernière étape avant d’intégrer la draft pour jouer un jour en NBO. Malheureusement à son arrivée, suite à une réduction budgétaire de l’université pour son équipe de basket, il n’a plus de bourse d’études ! Damian, sous le sou, se résout à s’inscrire dans un junior college et accepte de redescendre d’un cran pour poursuivre son rêve. Son arrivée sur le sol américain est aussi l’occasion de rencontrer enfin son père biologique, de découvrir un nouveau pays, une nouvelle langue, une nouvelle mentalité, les différences éthiques et culturels. Damian, sera-t-il le nouveau Earving Johnson, la star de la NBO et sosie de Kobe Bryant ? Ce manga écrit à quatre mains ne s’attarde pas vraiment sur les détails et le contexte de la vie des héros pour produire une œuvre efficace et rythmée. Le dessin participe à cette efficacité dans les scènes, privilégiant un découpage simple sur les actions de tir, dunk, dribble ou défense, pour garder ce rythme. À noter que le mangaka, Mitsuhiro Mizuno est un ancien basketteur et qu’il s’est inspiré de ses deux ans de vie aux États-Unis et de sa rencontre avec le premier japonais à jouer en NCAA (ligue universitaire) pour créer ses personnages et cette histoire. Vous l’aurez compris, par sa narration et ses dessins, Deep 3 ne s’adresse pas uniquement aux puristes et fan de basket.




Chronique d’un Tour ensemble

Valentin Deudon, Ecrire le sport, 2023. L’écrivain Valentin Deudon a choisi de passer le Tour de France 2023 en immersion dans une maison de retraite à Valenciennes, dans le Nord, pour y suivre chaque jour les étapes en compagnie de celles et ceux qui y vivent. Plusieurs animations et sorties autour du vélo et des mots sont également programmées durant ces 3 semaines. Une expérience collective qu’il nous raconte quotidiennement, du 1er au 24 juillet, dans cette chronique ! https://ecrirelesport.wixsite.com/ecrire-le-sport/single-post/chronique-d-un-tour-ensemble



Artips Sport

Depuis fin avril 2023, le média Artips a lancé une nouvelle newsletter : Artips Sport ! De format bref (une à deux minutes de lecture), adoptant une approche ludique et une écriture documentée et illustrée, ces petites chroniques livrées dans votre boite mail vous font découvrir les secrets du sport… Les premières newsletters témoignent en outre d’un souci d’inclusion et de diversité.

En plus, c’est gratuit !

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